La genèse d'un grand musée

Dans sa résidences de Santa Monica en Floride, le célèbre architecte Franck Gehry, certains disent le plus grand de son époque, repense aux deux Basques qu’il a reçus, ils veulent qu’il construise un musée remarquable à Bilbao, ville dont il ne sait rien mais leur histoire, leur ténacité, leur conviction, le touchent, il veut comprendre le pourquoi de ce projet, savoir s’il a vraiment un fondement. Il veut aller plus loin dans sa réflexion avant de s’engager dans un travail plus concret, il essaie de convaincre son ami de toujours et premier collaborateur, Georges, qui n’en croit pas ses oreilles et rejette violemment cette idée saugrenue.

Théo Karr, le patron de Guggenheim, insiste pour qu’il l’accompagne à Bilbao pour évaluer la crédibilité et la faisabilité éventuelle d’un tel projet dans cette ville en pleine déconfiture. Elle était la capitale du transit de la laine des moutons mérinos d’Espagne centrale vers l’Angleterre, la crise du textile européen l’a anéantie, l’économie locale est en récession, la population décroit rapidement, la ville décrépit… Une poignée de Basques convaincus, veut frapper un grand coup, doter leur ville d’un monument exceptionnel pour attirer les touristes, nouvelle valeur sûre de l’économie. Ils se tournent vers la fondation Guggenheim et le grand architecte américain.

Franck Gehry effectue des recherches documentaires sur place et découvre qu’en 1857, une fantastique exposition a été installée dans le quartier d’Old Trafford à Manchester pour redorer le blason de la ville fortement altéré par l’afflux d’une population misérable employée dans les usines de coton en plein essor dans la cité. Il veut tout savoir sur ce projet qui a drainé le plus grand nombre d’œuvres d’art jamais exposé au Royaume-Uni : qui l’a réalisé, qui l’a commandité, quels en ont été les retombées sociales et culturelles. Il veut comprendre comment le beau peut surgir de la laideur et se conjuguer avec l’appât des grandes fortunes, il veut savoir si cette fabuleuse exposition a eu une quelconque conséquence sur la vie des misérables qui peuplaient ce quartier.

Il trouve le nom de l’architecte qui le conduit au nom du porteur du projet, le célèbre John Connellan Dean plus connu pour avoir, plus tard, déroulé le premier câble sous-marin transatlantique. Il cherche désespérément à savoir si exposition « The Art Treasures of United Kingdom » a eu une conséquence sur la population la plus miséreuse de la ville quand lors d’un spectacle il voit, plus d’un siècle après, le projet interprété sur scène par une danseuse…. Il comprend alors qu’à travers plus d’un siècle ce projet a transcendé la misère sociale, la pauvreté, la saleté pour s’incarner dans cette œuvre d’art qui se déroule sous ses yeux.

Dominique Memmi, à travers l’histoire de la genèse du projet de construction d’un Musée Guggenheim à Bilbao, a voulu faire comprendre à ses lecteurs que le grand architecte Frank Gehry a toujours cherché à faire passé le beau avant le riche et qu’il s’est toujours souvenu qu’il était lui-même issu d’un quartier défavorisé comme on dit maintenant. Elle énonce le message que le grand homme d’art a voulu faire passer : les grands projets ne peuvent naître que là où il y a une âme qui vibre, des cœurs qui battent, des corps qui souffrent et des émotions qui naissent.

En sondant le cœur de l’architecte, l’auteure est sortie de la simple biographie pour faire vibrer les lecteurs au rythme des émotions du créateur des plus belles œuvres d’art architecturales du XX° siècle. Avec lui un édifice devient poème, symphonie, portrait, tableau, …, émotion artistique.

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  Manchester Dream : Le cœur de l’architecte

  de Memmi, Dominique
  Éditions Marie Romaine
  ISBN : 9782494738072 ; 15,00 € ; 13/03/2024 ; 152 p. ; Broché

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