Ce que le fleuve doit à la plaine de Alain Lallemand

Ce que le fleuve doit à la plaine de Alain Lallemand

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Policiers et thrillers

Critiqué par Saigneur de Guerre, le 1 septembre 2024 (Inscrit le 11 juin 2022, 66 ans)
La note : 9 étoiles
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Quand une invasion survient l'amitié entre un Cosaque, un Tatar et deux Ukrainiennes peut-elle survivre ?a

Crimée, février 2014.
Ah, la Crimée ! Quelle terre merveilleuse ! Ses plages baignées par la mer Noire, sa terre noire si fertile, ses montagnes (prolongement du Grand Caucase), son fleuve Alma… Ses Tatars, ses Russes, ses Ukrainiens… Et dire que tout allait presque bien ! Mais voilà, des petits hommes verts sont apparus un beau/mauvais jour. De vieilles haines ancestrales sont réveillées. Les Tatars se sentent particulièrement menacés. Il faut dire que Staline ne les a guère ménagés en 1944 en les « déménageant » bien loin de leur terre. Le retour ne s’est pas fait sans douleur. Et puis, il y a tous ces russophones qui ne digèrent pas d’être devenus Ukrainiens alors qu’ils se sentent toujours Russes et n’écoutent que les voix de Moscou. Et les Ukrainiens, me demanderez-vous ? Eh bien, ils se sentent presque chez eux, parce que la Crimée appartient à l’Ukraine, mais ils n’y sont pas majoritaires. De plus, la Russie loue en Crimée une de ses plus grandes bases navales à Sébastopol, où les installations militaires russes jouxtent celles des Ukrainiens…
Déjà en 1991, de violents heurts avaient confronté ces diverses populations à leurs vieux démons !
Oleg est Russe descendant de cosaque. Il est fou amoureux de Myriam, Ukrainienne avec des origines italiennes. La sœur de celle-ci, la splendide Nina, est amoureuse du Tatar Kash. Ce dernier partage l’amour des chevaux avec Oleg, tous deux cavaliers remarquables, le premier chevauchant un de ces petits chevaux robustes, le deuxième un grand cheval puissant.
Arrive un premier mort tatar. Un jeune paumé, le corps lacéré. Puis, une grande personnalité tatare égorgée comme pour un rituel religieux : l’adjoint au maire en personne !
L’amour et l’amitié survivront-ils à l’arrivée des petits hommes verts qui prennent « gentiment » possession de tous les points névralgiques avec l’appui de milices d’autodéfense qui clament « la Crimée est russe » ?

Critique :

Alain Lallemand est journaliste et écrivain. Il écrit des romans sur des sujets qu’il connaît bien. Ce roman-ci repose sur son expérience en Crimée lorsque sont apparus ces petits hommes verts sans aucun signe distinctif, des extra-terrestres qui ont toutefois appris le russe puisqu’ils le parlent parfaitement. Alain Lallemand nous fait vivre au plus près les déchirements que provoque cette intervention extérieure au travers de quelques personnages bien choisis.
Aujourd’hui, quand on cite la Crimée, c’est généralement pour parler de bombardements visant des raffineries, des radars, des bateaux de la flotte russe de la mer Noire, d’importants centres de commandement ou du pont de Kersch, la fierté de Poutine. On ne parle presque jamais de ses habitants si ce n’est pour dire que la majorité de ceux-ci a accueilli les Russes à bras ouverts et se disait fière de rejoindre la grande Mère Patrie. Et quid des autres ? Quid des Ukrainiens ? Quid des Tatars qui avaient déjà tant souffert sous le poids du communisme et en particulier sous celui du Petit Père des Peuples ?
Hélas, une fois de plus, une grave crise libère les plus infects des individus d’une société. Ils vont pouvoir donner libre cours à leurs plus bas instincts en s’appuyant sur une soi-disant défense de leur peuple. Il sera ainsi question de « Loups de la Nuit », groupe de motards qui rappelle les pires Hells Angels américains. Loups de la Nuit dont on parle d’ailleurs dans d’autres romans qui traitent d’aventures en Ukraine. On les retrouve partout où il y a d’importants groupes de personnes d’origine russe : Biélorussie, Lettonie et Ukraine. Ils supportent Poutine à fond. Ils se sont illustrés en prenant d’assaut le QG des forces navales ukrainiennes à Sébastopol en 2014 sur ordre du GRU (services secrets militaires russes). Ils représentent un nombre considérable de membres avec notamment des chapitres qui leur ont prêté allégeance dans des pays où ils sont interdits (Pologne, Ukraine libre, Géorgie, pays baltes). Ils ont essemé dans les pays de l’ex-Yougoslavie, en Allemagne, en Bulgarie, en Slovaquie…
Et puis, l’histoire ne serait pas complète s’il n’y avait pas quelques mafias qui rôdent sur la presqu’île.
Ce livre d’un grand intérêt romanesque permet de saisir partiellement l’esprit des habitants de cette péninsule qui aurait tout pour leur permettre de vivre pleinement heureux si…
Vous aimez les romances ? Les récits à fort caractère historique ? Les histoires d’amitié, de trahisons, de politique, d’enquêtes policières ? Ce livre ne peut que vous plaire.
Comme la plupart des ouvrages de la collection « Les Plumes du Coq » des éditions Weyrich, « Ce que le fleuve doit à la plaine » est magistralement écrit et se lit avec passion et beaucoup d’intérêt culturel. N’hésitez pas à compléter cette lecture par des recherches sur Internet.

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