Un certain sourire
de Françoise Sagan

critiqué par Clarabel, le 16 décembre 2004
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Après "Bonjour tristesse"
Il s'agissait du deuxième roman de Françoise Sagan, publié après le grand succès de "Bonjour tristesse". Cette fois encore, l'auteur s'est entourée d'une jeune fille, Dominique, qui tombe amoureuse d'un homme marié, Luc - l'oncle de son petit ami, de surcroît. Ce deuxième roman est très simple, très banal. Une espèce de bluette sentimentale, au ton déjà décalé et désabusé, certes une bluette péniblement scandaleuse pour l'époque, encore une fois, un appel fugace à l'érotisme, etc. Pour le public des années 2000, il est bien étrange d'y trouver scandale, érotisme débridé et amoralité dans les petits romans de Françoise Sagan. A relire les critiques de l'époque, tout prête à sourire ! Et pourtant "Un certain sourire" montre la naïveté et la vulnérabilité qui n'étaient pas présentes dans "Bonjour tristesse". La tendresse dans ce récit et la recherche touchante du grand amour rassure, quant à la vivacité du style de "Bonjour tristesse", elle avait heurté et laissé croire à un total manque d'impunité de la part de l'auteur. Pourtant, Françoise Sagan écrit vite et bien, un peu maladroitement dans ce deuxième livre. C'est en lisant son récit "Derrière l'épaule" où l'auteur fait le point sur l'essentiel de son oeuvre, qu'on découvre donc qu'elle faisait la rencontre déterminante d'un homme aux "yeux gris, l'air fatigué, presque triste" en contrepoint de l'écriture de son roman. "La littérature et la vie commencèrent à se confondre". Cet homme était Guy Schoeller, un éditeur, et si l'héroïne de "Un certain sourire" affirme avoir aimé un homme, connu une histoire simple, bref pas de quoi faire des grimaces... L'auteur reconnaît que c'est elle, en vrai, qui en a fait des grimaces... (en référence au texte).
Nouvelle vague 7 étoiles

Jusqu’à ce jour, je n’avais presque rien lu de Sagan, je n’avais même pas dix ans quand elle a écrit ce roman, son deuxième, après le célébrissime « Bonjour tristesse », j’étais resté à la femme sulfureuse qui agitait les médias en créant le scandale à de multiples occasions. Dans ce texte, j’ai découvert une jeune auteure, presque encore une jeune fille, fragile, sensible, mais volontaire et engagée qui n’hésite pas à tutoyer la transgression en allant à l’encontre des bonnes mœurs de l’époque pour évoquer l’amour d’une jeune fille, tout juste sortie de l’adolescence, pour un homme beaucoup plus âgé qu’elle. Aujourd’hui ce texte passerait sans doute pour une gentille bluette, le rock and roll, les hippies, les beatniks, la révolution sexuelle, …. n’avaient pas encore déferlé sur le Vieux Continent, dans les années cinquante, il faisait preuve d’une réelle audace, et même d’une certaine provocation, en mettant en cause la morale bien pensante de la génération précédente.

Dominique, jeune provinciale icaunaise, arrive à Paris pour suivre ses études, elle traîne son ennui dans les bars des quartiers estudiantins avec Bertrand, son amoureux de circonstance, qui lui présente Luc, son oncle, il ne laisse pas la jeune fille indifférente. Rapidement elle balance entre le jeune homme et l’homme mûr, moins beau mais beaucoup plus séduisant, et progressivement s’immisce dans le couple de Luc ne cherchant qu’à vivre une aventure charnelle avec le quadragénaire sans détrôner sa fidèle épouse. Toute la mécanique du texte repose sur la dualité entre plaisir et amour, Dominique réussira-t-elle à satisfaire son corps sans attacher son cœur à celui de Luc qu’elle ne prend, a priori, que comme une passade, une expérience, une étape dans sa vie de femme en construction ?

La lecture de ce texte fait immédiatement surgir des images de Jean Claude Brialy, Claude Rich, Jean Pierre Cassel, …, traînant gauchement une langueur affectée pour séduire des blondes évaporées et languides comme Jeanne Moreau, Jean Seberg, Bernadette Lafont, …, dans des films estampillés « Nouvelle vague » que j’ai vus dans mes propres années estudiantines. Une image fidèle de cette jeune bourgeoisie sans souci financier qui s’ennuyait un peu en attendant que la musique révolutionne les mœurs.

Je ne me souviens pas de la polémique qui a entouré la parution des premiers romans de Sagan mais après cette lecture, je peux aisément concevoir la réaction des populations éduquées dans la conception de l’amour qui conduit au mariage et à la procréation, impliquant un respect strict de la fidélité conjugale. Dominique aime Bertrand pour meubler le vide de sa vie, elle succombe au charme de Luc, un homme marié et beaucoup plus âgé qu’elle, simplement, du moins l’espère-t-elle, pour connaître une aventure charnelle sans grand sentiment. Des comportements et des mœurs qui ne peuvent que choquer le bourgeois d’avant les sixties et déclencher les réactions en chaîne qui ont meublé la vie de l’auteure.

Sagan était peut-être un peu visionnaire, elle a peut-être senti que les mœurs étaient en train de se libérer, que l’amour ne serait plus comme avant même s’il pouvait encore piéger le cœur des petites filles qui voudraient jouer à la femme épanouie et maîtresse de sa vie sentimentale. Un roman tout à la fois initiatique et précurseur, à partir des années soixante les filles n’apprendront plus les relations amoureuses comme leur mère. Et cette révolution ne se fera pas sans quelques soubresauts.

Débézed - Besançon - 77 ans - 17 décembre 2014


L'ennui rendu intéressant 8 étoiles


Dominique, étudiante en droit et amante de Bertrand fait la connaissance de son oncle, Luc, un homme marié, volage et séducteur. Enfin, elle découvre l'amour pour un homme, un vrai mais qui ne lui promet rien, et certainement pas de l’aimer. La relation qui devient triangulaire avec Françoise, la femme de Luc, peut laisser le lecteur dubitatif vu la perversité de cette situation.

Dans la continuité de « Bonjour tristesse », sans qu’il ait ici une chute au récit, « Un certain sourire » est à nouveau un roman doux-amer, tendre et incisif, qui reste bien dans la lignée du style remarquable de Françoise Sagan.

Il faut bien sûr apprécier ce genre de roman court et plein de mélancolie pour oser s’y plonger. A lire donc si vous avez aimé le premier roman de cet auteur.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 18 juin 2013


Une jolie bulle 7 étoiles

Voilà une jolie histoire d'adultère de jeunesse, qui fleure bon l’insouciance et le dévergondage étudiants un brin naïfs. Ce roman, assez court, se lit aisément, car, à l'habitude de l'auteur, le style en est fluide et sec, bien que recherché, et entrecoupé de nombreux dialogues assez courts.

Merci à Clarabel, pour nous livrer les dessous des origines de l'oeuvre, dont on pouvait pressentir la trame, à connaître un peu l'auteur.

Cette lecture m'a été plutôt agréable, mais je ne suis pas certain qu'elle me laisse un souvenir impérissable.

Lu à Paris VIIème, une matinée de dimanche d'automne ensoleillée.

Veneziano - Paris - 47 ans - 7 octobre 2007