Jeux de maux
de David Lodge

critiqué par Rotko, le 18 décembre 2004
(Avrillé - 51 ans)


La note:  étoiles
Les couples catholiques seraient-ils refoulés ?
Malgré des passages franchement hilarants, le livre de David Lodge n'est pas "exactement un roman comique" (p 124). On y suit l'évolution des pratiques sexuelles de nos couples catholiques, en parallèle avec l'évolution des pratiques cultuelles et des revendications des catholiques libéraux. Le ton allègre et les épisodes cocasses ne manquent certes pas, mais la notion de "péché" inculquée par L'Eglise est trop grave aux yeux de David Lodge pour qu'on n'ait pas pitié des malheurs des personnages.
Pudibonderie, intolérance, hostilité contre la contraception masquée par la célèbre méthode des températures, la responsabilité de l'Eglise officielle est lourde. L'auteur précise (p 139) que les personnages de ce roman représentent des personnages de la vie réelle.
Pour qui souhaite une lecture divertissante, je conseillerais donc de lire les trois premières parties, environ 125 pages. Moi qui suis curieux des comportements catholiques, j'ai lu avec intérêt ce livre souvent drôle, généralement bien mené, peut-être un peu longuet sur la fin. (1)
Certes tous les catholiques de cette époque n'ont pas été aussi "coincés", voire victimes d états dépressifs,- ou de troubles psychiatriques !, mais on reste songeur devant des doctrines religieuses - le catholicisme n'est pas seul en cause, qui font du mépris de la chair un solide pilier de leur fondement moral.
(1) David Lodge aurait-il tendance à exploiter ses filons ? On remarque de fortes similitudes d'inspiration entre "la chute du british museum" et "jeux de maux".
Une « Histoire » de de l’Eglise en Angleterre dans les années 50 – 60 5 étoiles

Disons-le d’emblée, il faut sacrément s’intéresser aux heurts et malheurs de l’Eglise pour accrocher à ces Jeux de maux. Je me suis accroché mais ce fut rude quand même !
Il y a néanmoins une valeur d’histoire de la société anglaise années 50-60, avec le grand tournant de 1968 à travers le filtre de l’église catholique et David Lodge met tout ceci sur la table de dissection et manipule son scalpel via les évolutions de vies de jeunes étudiants anglais.
On visualise parfaitement les considérables changements qui se sont opérés dans ces deux décennies, notamment dans les relations hommes/femmes, la sexualité. La situation décrite dans les années 50 parait à peine concevable de nos jours. Toutes les tendances sont passées en revue, notamment certaines apparues aux Etats-Unis après 1968. Mais encore une fois, cela intéressera principalement qui est – ou fût – catholique et accorde de l’attention à la manière dont l’attitude de l’Eglise a basculé.
Jeux de maux a été écrit en 1980 et David Lodge conclut ainsi :

»Pendant que je rédigeais ce dernier chapitre, le pape Paul VI est mort et le pape Jean-Paul I a été élu. Avant que je ne l’aie terminé, le pape Jean-Paul I est mort à son tour. Son successeur, Jean-Paul II, est le premier pape qui ne soit pas italien depuis quatre cent cinquante ans, un Polonais, un poète, un philosophe, un linguiste, un athlète, un homme du peuple, un homme du destin, choisi dans des moments dramatiques et qui fut immédiatement populaire, mais qui reste idéologiquement un conservateur. Une Eglise en mouvement acclame un pape qui pense évidemment que les changements sont allés assez loin. Qu’arrivera-t-il maintenant ? Tous les paris sont vains, l’avenir est incertain mais il sera intéressant à observer. »

Tistou - - 69 ans - 4 juillet 2025


Moins d'humour 6 étoiles

À Londres à la fin des années 50, un groupe de jeunes étudiants tente de vivre sa foi en respectant les préceptes de l’Eglise Catholique. Des amours s’esquissent timidement voire douloureusement, Dorothy et Adrian, Tessa et Edward, Miriam et Michaël, Angela et Dennis alors que quelques autres s'avèrent un peu déséquilibrés comme Violet ou sont tentés par les ordres, la prêtrise ou l’homosexualité. Les filles ne se donnent pas facilement. Les garçons sont maladroits et souvent frustrés. La norme est d’arriver vierge au mariage pour fonder de bonnes familles chrétiennes. Mais au fil des années et surtout avec le concile Vatican II et la révolution de mai 68, tout se délite et s’effiloche peu à peu. Les virginités se perdent, des enfants naissent, la peur de l’enfer disparaît, le culte évolue. Certains s’évadent, se trompent, se séparent, changent de cap. Et les prêtres ne sont pas les derniers à jeter aux orties soutanes et rigidités…
« Jeux de maux » est un roman social très proche du thème de la « Chute du British Museum », mais en moins drôle. David Lodge ne s’intéresse plus à un seul couple mais à toute une cohorte de gens, tous jeunes catholiques, tous inhibés par les contraintes imposées par l’Eglise de l’époque. Il décrit très intelligemment et très finement comment le carcan s’est peu à peu desserré et comment toute une société a basculé dans un libéralisme libertaire au niveau des mœurs et comment tout un monde ancien a disparu progressivement. Cette fois, David Lodge, apparemment très concerné par la problématique catholique, en voulant faire œuvre de sociologue, a un peu perdu de son humour si charmant et si british. On ne peut que le regretter.

CC.RIDER - - 67 ans - 24 mars 2020


Construire sa vie .... 10 étoiles

Eh oui, comment construire sa vie en Angleterre quand on est jeunes , catholiques pratiquants et quasi intégristes ... !
A travers le destin de 9 personnages, on est plongé dans l'histoire, et de chacun et de l'évolution du christianisme, là où détresse et amour se côtoient, sans complaisance avec, en prime, l'humour spécial "Lodge" !
En trois pages, en début d'ouvrage, David Lodge nous fait un résumé extraordinairement anglais et sulfureux de ce qui sous-tend le catholicisme : j'ai découvert avec stupeur, que D. Lodge était d'origine catholique, j'étais persuadée, au vu de ses écrits, que son approche grinçante (et sublimement exacte ) révélait l'approche anglicane.
Belles interrogations sur le sens de la vie, belles difficultés à se situer entre idéal et réel !
On aime ces gens, leurs questions, leurs souhaits de vivre, leur écartèlement entre foi et droit : le personnage de Miles : gay et catho, en est une terrible preuve, les couples confrontés au droit à la contraception en est une autre ...
David Lodge est un auteur hors pair, grâce à lui, on a émotion, humour et sens de la vie !

DE GOUGE - Nantes - 68 ans - 24 octobre 2012


Un livre correct... 6 étoiles

David Lodge ne manque pas d'humour et le sujet s'y prêtait très bien !...

Il n'empèche que je n'ai pas le souvenir d'un livre grandiose et que j'avais préféré "Ce petit monde" du même auteur.

Pas mal, mais un peu léger pour un sujet qui méritait peut-être un peu mieux !...

Jules - Bruxelles - 81 ans - 19 décembre 2004