Le testament inattendu de Bernard Caprasse

Le testament inattendu de Bernard Caprasse

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Catinus, le 6 août 2024 (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 221ème position).
Visites : 329 

Cherche Jean, désespérément

« Il montra à son frère interloqué le message porteur d’une bonne nouvelle : Aymeric d’Autremont est décédé. Restait la fortune du vieux célibataire. Ils en étaient les héritiers. Ils faillirent danser de joie. Devant les nombreux passants, ils se retinrent ».
Tout comme dans « La dérive des sentiments » l’excellent deuxième roman de Bernard Caprasse, ici également le début commence par un héritage. Et pas un banal, vu qu’une des clauses est particulièrement comique (enfin cela dépend pour qui, gloups ! )
Le défunt nomme deux avocats en leur confiant une tâche : grâce à un dossier déjà constitué, partir de nouveau à la recherche de Jean, son frère, dont il n’a plus de nouvelles depuis 1945, et ce dans des circonstances que l’on pourrait qualifier de « fâcheuses » dans un décor apocalyptique. Le lecteur en apprendra davantage tout au cours du récit.
Et nous voici embarqués dans une longue enquête qui nous emmène en Ukraine, en Russie, à Moscou, en Sibérie, à New York, Cherain, Sterpigny ( hé oui ! en Haute-Ardenne belge).
Voilà une narration où il est beaucoup question de filiation, d’amour.
« Le testament inattendu » n’est pas un roman de gare. Il s’agit d’être attentif à ce que l’on lit ( et pourquoi pas prendre quelques notes furtives pour ne pas perdre le fil …).
Fait exceptionnel, que dis-je rarissime, les noms de Gouvy, Cherain, Sterpigny sont cités dans cette fiction littéraire, moins cependant que dans ses deux premiers ouvrages. Et rien que pour cela, je salue et remercie Bernard Caprasse.

Extraits :

- En Ardenne, il arriva que des paysans madrés s’enrichissent à l’ombre des châteaux, parfois au détriment de leurs occupants, sans un excès de scrupules

- Un festival de jazz, presque au milieu des vaches, dans une contrée esseulée, une pépite en soit pour l’artiste friand d’insolite. Il paya son entrée en demandant benoitement où il se trouvait. « A Gouvy, capitale mondiale du jazz pour quelques jours », lui lança un des jeunes préposés aux guichets. Il exagérait ? Pas tant que ça, devait constater Myscha.

Note : Un peu plus loin, l’auteur décrit assez justement le big boss de la Ferme Madelonne. A vous de découvrir ce portait bien senti.

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Une suite du Cahier orange qui peut parfaitement se suffire a elle-même

10 étoiles

Critique de Saigneur de Guerre (, Inscrit le 11 juin 2022, 66 ans) - 1 septembre 2024

Aymeric d’Autremont n’est plus ! Il laisse derrière lui une fortune colossale étalée aux quatre coins du monde. Pas d’héritiers directs… Aymeric était, comment le dire sans trop choquer… Le comte Aymeric était de la jaquette ! … Comment ? Vous n’avez pas compris ? Bon ! Soit ! Utilisons un autre terme, plus vulgaire, qui sonnera violemment aux oreilles des personnes bien éduquées : il était homo ! Un pédé, quoi ! Il suffit de penser au tableau le représentant sans doute possible en train d’embrasser un autre homme. Il a eu la sagesse de ne jamais prendre d’épouse et de procréer.
Mais alors, qui va profiter de son immense richesse ? Il a bien deux neveux, Patrick et Benoît, enfants de son frère aîné Léopold. Ils auraient urgemment besoin d’une partie de sa fortune car ils sont empêtrés financièrement dans leur projet de village de vacances au cœur des Ardennes belges, projet qui suscite des vagues de protestations et rend les banques frileuses dès lors qu’il s’agit de leur prêter les fonds, d’autant plus indispensables, que les retards accumulés font exploser les coûts. Ah, oui, il y a aussi leur jeune sœur, Juliette ! Une tarée celle-là ! Une communiste ! Non, mais vous vous rendez compte ! Une saleté de gauchiste de la pire espèce ! Une communiste ! Ne me dites pas que cette chose va hériter d’une immense fortune ? Ce serait un comble !
Depuis le temps qu’ils attendaient ce jour, Patrick et Benoît, quelle joie difficile à dissimuler maintenant qu’ils se retrouvent devant le notaire, maître Lansdau ! Enfin ! Ce n’est pas trop tôt ! L’heure de la délivrance est proche…

Critique :

Bernard Caprasse gagne à être connu, non seulement comme un talentueux écrivain, mais aussi en tant qu’homme. Il fut Gouverneur de la province de Luxembourg de 1996 à 2015, c’est dire s’il connaît les Ardennes, ses habitants et ses histoires petites ou grandes. Si vous avez l’opportunité de le rencontrer, à l’occasion d’une séance de dédicaces par exemple, précipitez-vous, surtout s’il vous présente ses trois ouvrages.
Celui-ci, « Le testament inattendu » doit être considéré comme une suite du « Cahier orange » (mais il peut être lu séparément) puisqu’il fait revenir sur le devant de la scène des personnages rencontrés dans son premier livre. En effet, le comte Aymeric y tient déjà un rôle important, mais surtout l’avocat américain Anton Scarzini que l’on retrouve ici, toujours aussi secret quant à ses origines familiales, même si officiellement, il est le fils de riches parents, tous deux décédés dans un accident d’avion, Carlo Scarzini et Claudia Stanton.
Aymeric avait un jeune frère, Jean. Un idéaliste qui avait choisi d’aller se battre dans la Légion Wallonie contre les communistes, en URSS. Il y laissera la vie en 1944, dans la poche de Tcherkassy en Ukraine, non sans s’être, juste avant, marié religieusement avec une infirmière ukrainienne, Olena Kovalenko. Aymeric n’a jamais réussi à retrouver la trace de l’épouse de son cher frère Jean, dont il ne partageait guère la vision politique mais qu’il adorait tout de même. Par testament, il charge Anton de la retrouver… si elle vit encore !
Sur un autre plan, les neveux d’Aymeric ne s’avouent pas vaincus par un testament qui ne leur laisse que les yeux pour pleurer. Ils vont tout mettre en œuvre pour récupérer « ce qui leur revient de droit » …

Roman lu d’une traite tant il est agréablement écrit et suscite la curiosité, je ne puis que le recommander à un trait large public. D’aucuns seront amenés à découvrir la Légion Wallonie et la terrible bataille de Tcherkassy où des Wallons (et Bruxellois) se sont illustrés contre un ennemi disposant de troupes et de moyens matériels ô combien plus importants. Ne croyez pas pour autant que Bernard Caprasse fasse l’apologie du IIIe Reich. Pas plus qu’il ne fait celle du communisme soviétique dont il décrit brièvement les horribles exactions à l’encontre de son propre peuple.

Bernard Caprasse a aussi écrit un autre roman sublime : « La dérive des sentiments ». J’ai eu le plaisir de l’interviewer pour en parler :
https://www.youtube.com/watch?v=uMQ2_I5c8hI

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