Les aiguilles d'or
de Michael McDowell

critiqué par Poet75, le 19 mai 2024
(Paris - 68 ans)


La note:  étoiles
Un quasi pastiche
Blackwater, l’ambitieuse saga en six volumes de Michael McDowell (1950-1999) ayant connu un beau succès, les éditions Toussaint Louverture poursuivent l’édition des œuvres de cet écrivain jusqu’alors inconnu en France, ce dont on ne peut que se réjouir, même si Les Aiguilles d’Or, à mon avis, n’est pas aussi réussi que la saga prénommée.
Quoi qu’il en soit, dans ce roman, l’on retrouve les principaux ingrédients qui firent le succès de Blackwater, excepté cependant l’aspect fantastique. Écrit en 1980, Les Aiguilles d’Or, encore davantage que Blackwater, ressemble, à s’y méprendre, tantôt à un roman de Charles Dickens, tantôt à une histoire à la Dumas, tantôt à un récit poignant à la Eugène Sue, toutes ces influences étant, sans nul doute, pleinement assumée par l’auteur américain.
De Dickens comme de Sue, l’on retrouve ici la description d’un quartier de misère sociale dans lequel règne une organisation de malfrats dirigée par une femme, Lena Shanks. Nous sommes à New-York en 1882, dans un quartier appelé le « triangle noir », quartier le plus malfamé de la ville. Aux antipodes de cette misère physique et morale, le romancier met en scène, si l’on peut dire, une famille de juges et d’avocats, les Stallworth, dont les membres sont presque unanimement convaincus qu’il faut éradiquer le mal au moyen des méthodes les plus radicales afin d’en finir avec la pègre du « triangle noir ». Presque unanimement, écrivais-je, car, dans cette famille Stallworth, il est une jeune femme, Helen, dont le point de vue diffère de celui de ses parents. Pour elle, elle en est persuadée, c’est en nourrissant convenablement les pauvres et en les éduquant qu’on fera reculer le mal et non en condamnant à mort tous les hors-la-loi. En somme, elle partage, probablement sans le savoir, les convictions de Victor Hugo.
Ainsi se déploie un roman dont le fil conducteur est une histoire de vengeance, comme dans un roman d’Alexandre Dumas. L’histoire est prenante, se déroulant, entre autres, dans une fumerie d’opium du « triangle noir », parfois horrifique, d’autres fois quelque peu embrouillée cependant. Il lui manque peut-être l’humour que maniait si bien Dickens dans ses romans les meilleurs lorsqu’il se délectait à décrire des personnages plus ou moins excentriques.