Chez nous on ne pleure pas
de Ekanga Shungu

critiqué par CHALOT, le 22 mai 2024
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
roman autobiographique
Chez nous on ne pleure pas

roman autobiographique

Dans les années 60, des enfants scolarisés étaient placés dans des internats, c'était le cas en France et aussi dans d'autres pays.
C'était parfois un arrachement pour l'enfant qui quittait son foyer, la sécurité affective pour des lieux
pas toujours accueillants, du moins de premier abord.
L'héroïne de ce livre est congolaise . Son père est diplomate congolais en poste à Belgrade.
Il décide avec sa femme de placer Titine âgée de 6 ans en Belgique dans une institution privée catholique relativement austère comme l'étaient en 1964, date de l'arrivée de la fillette beaucoup d'internats scolaires.
Titine prend mal cet « abandon » mais que faire : il y a le travail et l'ambition du père qui se déplace beaucoup et a peu de temps libres et la mère qui connaît de nombreuses grossesses.
Ne dites pas : on est en Afrique car rappelez vous qu'en France aussi, à cette époque là il y avait dans tous les milieux de nombreuses familles nombreuses !
L'auteure qui manie la plume avec agilité nous fait découvrir un milieu, une époque et une histoire familiale brossée pour que le lecteur puisse mieux comprendre les contradictions en cours.
C'est ainsi que dans cette famille, une femme refusant la polygamie fuit pour se reconstruire plus loin. C'est une forme de féminisme et de résistance qui demande beaucoup de courage notamment à cette époque et qui a fait avancer l'Humanité .
« Chez nous, on ne pleure pas » disait le père à Titine, c'est une phrase dont la petite fille comprendra plus tard le sens quand quelques années plus tard elle rejoindra sa famille.
Ce récit, en partie autobiographique est un témoignage utile sur une certaine enfance, à l'époque où l'enfant n'était pas roi mais pas non plus laissé à l'abandon.
C'est l'histoire d'une blessure qui finit par se cicatriser car ainsi va la vie !

Jean-François Chalot