La guerre russo-ukrainienne: Le retour de l'histoire
de Sergìj Mikolajovič Plohìj

critiqué par Colen8, le 30 mai 2024
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Version ukrainienne
Avant l’URSS la Russie impériale oscillait entre tentative d’alliance et repli hostile envers les voisins européens. La Russie post-soviétique n’aurait elle fait que suivre la même voie ? C’est bien possible. L’engagement d’Eltsine selon le modèle des démocraties aura fait long feu. Depuis l’élection surprise de son successeur, Poutine d’abord sceptique à l’égard de l’Occident a vite déchanté en considérant illégitimes les bombardements intensifs de l’OTAN sur la Serbie sans mandat de l’ONU. Après s’être radicalisé dans une haine anti-occidentale, sa véritable ambition est de rejoindre dans le panthéon russe les conquérants du passé : Pierre le Grand, Catherine II et Alexandre Ier, masquée sous son objectif de restaurer la grandeur de la Russie.
Dans sa version ukrainienne du conflit l’historien Serhii Plokhy dénonce une propagande à rebours des faits réels par un pouvoir russe désireux de justifier ses premières agressions (2014) : annexion de la Crimée, soutien aux régions séparatistes du Donbass (oblasts de Louhansk et Donetsk). L’invasion dite « opération spéciale » (24 février 2022) a surpris le monde entier. Les atrocités révoltantes des militaires russes au prétexte de « libérer un peuple frère » ont soudé les Ukrainiens dans une résistance immédiate d’une efficacité inattendue. L’accueil de millions de réfugiés par les pays voisins, le soutien financier et en armement mené par les Etats-Unis ont accompagné la contre-offensive de l’été et l’automne suivants sans parvenir aux résultats escomptés.
Après seulement un an d’une guerre totale(1) le récit s’achève encore loin d’une fin négociée. Rien n’a pu arrêter la volonté des dirigeants russes de faire disparaître l’Ukraine, ce que montre l’actualité toujours plus dramatique en termes de victimes civiles, de destructions de villes et d’infrastructures. La prise de possession des centrales nucléaires pour y installer des dépôts d’armes offensives a alimenté leur chantage. Hormis celles de la Turquie pour l’exportation des céréales les médiations tentées par les Etats-Unis et les Européens sont restées vaines. Indéniablement le franchissement armé des frontières d’un état souverain pour en annexer tout ou partie du territoire signe la rupture de l’ordre international et l’avènement d’une ère imprévisible.
(1) Entrée en 2024 dans sa troisième année