Oaristys
de Pierre Yerlès

critiqué par Débézed, le 9 juin 2024
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
L'amour n'a pas d'âge
J’ai lu le précédent recueil de Pierre édité lui aussi par Bleu d’encre éditions, j’en avais tiré un commentaire qui attirait l’attention des lecteurs sur l’âge de l’auteur et sur la démarche qu’il proposait : témoigner de son passé avant de quitter ce monde. J’avais écrit : Pierre Yerlès « n’est plus un jeune homme, l’âge avançant il sait que son existence devient de plus en plus précaire et qu’il devra affronter sa fin dans un avenir de plus en plus proche, il a donc décidé de prendre la plume pour laisser une trace de son passage sur terre … ». Trois an plus tard, il a toujours la même verve et la même finesse d’écriture, il publie donc un nouveau recueil, sous -titré « Poèmes d’amour du soir » dans lequel il reprend le thème de l’âge qui avance inexorablement, qu’il faut accepter tout en souvenant de ce que fut la vie avant, notamment le vie avec les femmes.

La vieillesse, il faut bien l’accepter et savoir l’apprivoiser, Pierre a choisi l’humour et la bonne humeur comme thérapie : « Quand chaque poussée / de maussaderie / m’enfonce dans la vieillesse / mes fous rires / je le sens / sont pour les artères / un coup de jeune ». « Qui aurait pu penser /qu’au crépuscule de nos âges / il me serait donné de chanter / Connaître / reconnaître / en même temps que nos jeunesses retrouvées / leurs ris leurs jeux / leurs danses … ».

Ce recueil est particulièrement dédié à ses amours perdues mais jamais oubliées et surtout à son dernier amour, celle qu’il chérit encore. « … / les femmes qui m’ont aimé / et que j’ai aimées / toi que j’espère la dernière / de mes bien-aimées / … ». Il se souvient de ce temps passé, de ces moments de bonheur jouissant dans le luxe ou dans la nature qu’il aime temps. « brillent / les couverts / de nos agapes / Les bougies de nos années / dans le luxe et la volupté / Fêtées ».

Se souvenant d’un vieux diction japonais, il se rappelle qu’ « on commence à vieillir quand on finit d’apprendre » et que la sensualité ne meure pas avec l’âge, on peu encore être ému par une sonate, une symphonie, un aria ou n’importe qu’elle musique qui touche l’âme et les sens ou par un poème bien tourné ou par une œuvre artistique de belle facture, expressive par son thème ou sa forme. Mais la dernière émotion restera celle provoquée par la dernière femme aimée, « je me laisse réparer / par ton amour / de sorcière ». « Il y a / de toi à moi / le tendre émoi / d’une romance ».

Je ne voudrais répéter ou risquer d’abîmer la très belle préface rédigée par Ginette Michaux, elle y analyse excellemment la forme et le fonds de ces poèmes, je voudrais surtout dire l’émotion que la lecture de ce recueil a réveillée en moi. Dans des vers très libres, Pierre Yerlès met plus que des mots, il y met des images, des souvenirs, des morceaux de sa vie, des notes de musique et beaucoup d’émotion et d’amour pour les femmes qui l’ont aimé et qu’il a tellement aimées. Dans ces textes on ressent toute le consistance des sentiments qu’il a éprouvés, qu’il a ressentis. En lisant ses vers on a l’impression de palper le matière de ses sentiments, de sentir l’odeur de ses émotions, d’entendre le son de son amour battre en son cœur.

« Je devrais / si j’étais sage / penser à nous avec effroi / … / mais je suis fol / mon regard ivre / de désir retrouvé / Je balaie sans états d’âme : sagesse et bésicles de lucidité « . Eh oui Pierre que la vie reste belle et remplie d’amour jusqu’en son dernier souffle !