Chroniques du pays des gens les plus heureux du monde
de Wole Soyinka

critiqué par Colen8, le 1 juillet 2024
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Fable noire postcoloniale
Le prodigieux talent littéraire et dramaturgique du Nigérian prix Nobel de littérature(1986) s’exprime dans une surprenante fiction qui vaut le détour(1). La construction du récit suit de prime abord un parcours labyrinthique porté par un curieux quatuor dit « le Gong des Quatre ». Partant de là Wole Soyinka s’emploie à finement décrire une succession de scènes parodiques au cours desquelles se forge le destin de ses protagonistes comme on tire les ficelles des marionnettes.
De façon allusive, à prendre plus ou moins au second degré c’est à la fois une satire sociale jubilatoire et le triste constat de comportements humains peu recommandables. L’ensemble laisse transparaître comment les uns et les autres s’évertuent à travers des tentatives aussi honteuses que perverses et irréductibles à s’arroger d’abord, à conserver ensuite la moindre miette de notoriété, d’honneurs et de pouvoir. Et il faut aller jusqu’au tout dernier dialogue pour connaître le fin mot de cette fable sans morale.
(1) Servie de surcroit par une traduction magnifique.