Le Mensonge
de Nathalie Sarraute

critiqué par Pucksimberg, le 7 juillet 2024
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Quand on ose dénoncer un petit mensonge ...
Pierre a fait remarquer à Madeleine qu’elle est issue d’une famille riche alors qu’elle voulait taire ce point. Cette vérité délivrée va se retourner contre lui. Il va devoir essuyer des reproches de 8 personnes. Il est perçu comme quelqu’un de sadique qui octroie une place trop importante à la vérité. Pour le lui faire comprendre, on monte un mini-psychodrame dans lequel il sera question de mensonges et de vérité.

Cette courte pièce de théâtre avait été conçue au départ pour être jouée à la radio. Nathalie Sarraute explore notre rapport à la vérité et aux mensonges, mais s’intéresse surtout à l’impact qu’ils ont sur les hommes.

Les dialogues sont vifs et les répliques des divers personnages s’entrelacent sans pour autant créer une cacophonie. Le théâtre dans le théâtre est aussi l’un des procédés de cette pièce, si bien que le lecteur en vient à ne plus savoir ce qui est vrai et ce qui est faux. La confusion l’emporte et le lecteur peut être amusé par le fait que ce soit une petite vérité ou un petit mensonge qui entraîne de telles conséquences fatales alors qu’habituellement l’homme laisse passer les petits mensonges. On n’en fait même plus cas pour la paix sociale.

Comme dans la plupart des textes de Nathalie Sarraute, le lecteur est parfois désorienté et a conscience d’avoir affaire à un théâtre moderne fortement influencé par le nouveau roman. C’est un courant littéraire qui me déplaît au plus haut point, mais j’ai essayé d’aborder le texte avec du recul. Je n’ai pas pris un grand plaisir à lire ces dialogues même si je leur reconnais des qualités. On perçoit dans ces discussions des rapports de force, l’importance que l’on accorde au regard des autres sur soi … Cette pièce courte est intelligente et en dit long sur les hommes et sur les rapports sociaux.