La proie
de Deon Meyer

critiqué par Tistou, le 9 juillet 2024
( - 68 ans)


La note:  étoiles
L’Afrique du Sud actuelle comme elle va, mal.
Le roman part sur deux histoires totalement distinctes - et passionnantes toutes les deux – l’une au Cap, en Afrique du Sud, avec le bien connu Benny Griessel (héros récurrent de Deon Meyer et inspecteur des « Hawks », police criminelle au Cap) et l’autre, chez nous, à Bordeaux, avec Daniel Darret, Bantou apparemment apprenti dans la restauration de meubles anciens et qu’on découvrira peu à peu comme ayant eu une autre vie, singulièrement plus mouvementée au sein de l’ANC.
Benny Griessel et Vaughn Cupido, son collègue, sont mis à contribution sur une enquête des plus étranges : un ancien policier recyclé consultant retrouvé mort et balancé d’un wagon du train le plus luxueux du pays, le Rovos.
Daniel Darret, de son côté, a été retrouvé par Lonnie May, un ancien collègue et mentor du temps de l’ANC, qui veut lui confier une dernière mission en lien avec ses compétences d’ex-tireur d’élite : il s’agit d’éliminer, à l’occasion de sa visite officielle en France le Président de la République sud-africaine, corrompu jusqu’à la moelle.

»La conversation avec Lonnie tourne en boucle.
Les détails de la trahison. Le président a systématiquement poignardé dans le dos de bons, de fidèles, d’honnêtes vétérans de la Lutte, des camarades, des amis, des frères. Il les a éjectés de postes importants pour les remplacer par ses laquais. Un coup d’Etat bien planifié, sans la moindre goutte de sang, avec un seul but : voler. Avec la collaboration des trois Indiens. Et pour s’en sortir, il a corrompu des membres du parquet national, de la police, du Trésor, de l’Agence de sécurité nationale, la SSA, et beaucoup de membres de son parti avec de l’argent, de l’argent volé, et des promesses de plus d’argent encore. De sorte qu’il se sent protégé, même contre les coups de boutoir de la démocratie. »


Ces deux histoires finiront par converger de manière plutôt inattendue par le lecteur et j’avoue avoir été déçu par la fin, un peu précipitée comme si Deon Meyer n’avait plus su comment conclure et s’était « débarrassé » de l’affaire. Oui, ça finit brutal et peu conventionnel. Pour autant ça reste un polar tout à fait estimable, à l’image des ouvrages de Deon Meyer ! Et on comprend bien que la réputation de corruption et de kleptocratie des élites noires post-Mandela n’est pas un vain mot. Et pas une petite affaire …