Juliette: Les fantômes reviennent au printemps
de Camille Jourdy

critiqué par Mimi62, le 12 juillet 2024
(Plaisance-du-Touch (31) - 71 ans)


La note:  étoiles
Une tranche de vie
Juliette, qui a quitté le lieu d'implantation de la famille, y revient pour quelques jours.

Une histoire sans intrigue, sans rebondissement, juste une tranche de vie avec des situations qui n'ont rien d'original.
A priori, rien d'intéressant mais on se laisse rapidement à accompagner le personnage principal de la BD : Juliette.
Juliette n'a absolument rien du super héros, c'est un personnage que l'on ne remarque pas en le croisant dans la rue, elle est terriblement banale, comme les autres personnages, tout comme la plupart d'entre nous.

Cela commence par deux pages, placées en préambule, en introduction. L'une présente d'abord l'environnement qui, comme vous pouvez vous en douter, est très banal. Sur la seconde, c'est l'arrivée d'un personnage, seul, dans un train : Juliette. Celle-ci marque les repères temporels : la tranche de vie narrée commence avec son arrivée et se terminera avec son retour.

Juliette est bien entendu l'élément permettant de naviguer entre les lieux et les personnes.
On rencontre alors toute une galerie de divers personnages bien campés avec chacun leurs peines, leurs douleurs, leurs petits bonheurs. Juliette navigue aisément de l'un à l'autre car elle traverse une période difficile où elle ne sait plus où est sa place, ni qui elle est vraiment.

Elle sera tantôt la confidente, tantôt celle qui se confie, tantôt celle qui, bien souvent involontairement, créera des situations catalyseurs de certaines évolutions, révélations, libérations de non dits.

C'est un superbe regard sur ce qui fait la vie, regard délicat, sans voyeurisme. Une belle peinture de moeurs pourrait-on dire.

Le graphisme, particulier, séduira ou pas. Je fais partie de ceux qui adorent ces dessins où la recherche du moindre détail n'est pas le moteur du dessinateur mais qui sait synthétiser chaque case avec suffisamment de détails pour parfaitement suggérer les situations et, point assez souvent défaillant, un trait permettant de reconnaître très facilement les personnages. Un tracé présent, pas trop épais, La colorisation prend ses racines dans une sorte de teinte pastel mais soutenue et parfois des teintes plus soutenues.
On peut penser aussi à une inspiration tirée du style naïf.
A noter que les cases (à de très rares exceptions) ne sont pas délimitées, elles ne sont séparées les unes des autres que par des espaces blancs.

Un album que j'ai savouré de la première à la dernière page.