Treize pillards
de Juan Branco

critiqué par CC.RIDER, le 17 août 2024
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Les princes qui nous dirigent
Qui sont vraiment Edouard Philippe, Emmanuel Macron, Xavier Niel, Benjamin Grivaux, Gabriel Attal, Arnaud Lagardère, Bruno Roger-Petit, Anne Lauvergeon, Thierry Breton, Martin Hirsch, Marie Fontanel, Agnès Buzyn, Bernard Arnault et quelques autres présentés dans ce livre ? Certains sont au haut sommet de l’Etat, d’autres à celui de la Finance cosmopolite et vagabonde, d’autres tiennent les principaux médias et d’autres encore sévissent à Bruxelles ou dans de grandes entreprises. Ils ont en commun de tous venir des classes sociales les plus privilégiées du pays et d’avoir suivi des parcours scolaires et universitaires semblables (Ecole Alsacienne, Lycée Henri IV ou Louis le Grand, ENA, grandes écoles). Ils se sont entraidés pour parvenir aux places enviables où ils se trouvent. Ils se sont enrichis en dilapidant un à un tous les fleurons de la richesse nationale, en privatisant à tout-va (autoroutes, service des eaux, aéroports, etc.), pour en faire profiter des compagnies étrangères et permettre aux copains et coquins de se servir au passage. Ils sont riches, célèbres et puissants. Disposant de tous les médias mainstream, ils peuvent manipuler à leur guise l’opinion, lui faire valider n’importe quel politicien, même le plus nul et le plus incompétent. Pour Branco, « ils ne sont pas corrompus, ils sont la corruption même ». Et cela depuis pas mal de temps…
« Treize pillards » est une courte (59 pages) galerie de portraits à charge taillés à la serpe et à la hache. On avait les « Douze salopards » immortalisés au cinéma, voici les « Treize pillards » de la bande à Macron. Tout comme les « Trois mousquetaires » qui étaient quatre, nos treize sont nettement plus nombreux. Le lecteur peut se dire que Juan Branco est sévère voire un brin malveillant. Mais on peut aussi penser que qui aime bien châtie bien. L’auteur est issu du même milieu, a fréquenté certains dès les bancs de l’école Alsacienne (Attal, Griveaux) et a eu l’occasion de bien connaître les autres, comme Xavier Niel, enrichi dans la prostitution, le minitel rose et si proche du Président qu’il se vantait de l’avoir au téléphone deux fois par jour. En fort peu de pages bien écrites (avec une tournure originale renvoyant les verbes en fin de phrase), le lecteur découvrira un nombre assez effarant d’affaires plus ou moins scandaleuses comme l’enrichissement ultra-rapide de Bernard Arnault qui vit sa fortune tripler en quatre années, passant de 40 à 120 milliards ou comme les « exploits » de Mme Anne Lauvergeon, responsable du démantèlement d’Areva, de la perte de 4 milliards d’euros dans une recherche impossible d’uranium et de 6000 suppressions d’emploi. Car toute cette gestion menée (au choix) par ces gribouilles ou ces profiteurs a un coût social. Quand c’est l’Etat qui paie, ce n’est pas gratuit, c’est le peuple qui trinque sous forme d’inflation, d’augmentation des tarifs de l’énergie et des impôts, sans oublier les délocalisations et le chômage de masse qui va avec. Sait-on seulement que celui-ci est responsable de la mort de 15 000 de nos compatriotes chaque année ? À lire pour ouvrir les yeux sur une triste réalité. Et aucune excuse pour ne pas le faire. L’auteur a mis cet ouvrage en libre accès sur le net.