Désobéissance fertile
de Tristan Cordeil, Alexandre Debbiche, Bertrand Degreef, Hélène Goffart

critiqué par Débézed, le 28 août 2024
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
La coupe à la mode
Ce recueil comporte les dix textes finalistes du prix littéraire organisé à l’occasion du Festival de la coupe mulet. Peut-être que, comme moi, vous ne savez pas ou vous ne vous souvenez pas de ce qu’est la « coupe mulet ». Alors je vous rappelle que cette coupe vous l’avez certainement vue de très nombreuses fois sur les terrains de sport d(‘abord puis sur les scènes de nombreux spectacles et finalement un peu partout. C’est une coupe qui consiste à porter les cheveux courts devant et longs derrière, couvrant franchement la nuque, avec les oreilles bien dégagées. Cette coupe est devenue une façon d’affirmer son désaccord avec les règles bienpensantes de la société, une sorte de contestation pacifique. Le mulet serait une façon de proposer un équilibre entre son aspect sérieux et professionnel par la partie frontale de la coupe et son penchant fêtard, un peu sauvage, par la partie laissée longue sur la nuque.

Cette mode, très en vogue à la fin du XX° siècle, a retrouvé un regain d’intérêt au début des années vingt du présent siècle au point qu’en 2019 un premier festival de la coupe mulet a été organisé en Belgique. C’est à l’occasion du Championnat d’Europe de la coupe mulet, en janvier dernier, qu’un appel à textes à été lancé pour le concours d’écriture organisé à cette occasion. Les réponses ont été très nombreuses et dix textes ont été sélectionnés pour concourir pour la finale de ce prix littéraire, vous les trouverez dans ce recueil. Ils sont tous très différents, très originaux, un peu iconoclastes, bien dans l’esprit de la coupe mulet qui réfute la banalité, la monotonie et les convenances trop bien établies.

Le premier prix a été décerné à Bertrand Degreef pour un texte évoquant une famille déjantée qui dévore le dernier mulet existant dans leur secteur en se demandant comment ils vont pouvoir assurer leur descendance et leur consanguinité…
Le deuxième prix a été décerné à Alexandre Debbiche pour un texte évoquant une querelle opposant les glabres et les velus dans un conflit entre le Glabistran et les habitants de Villelisse et d’Imberbeville. Un combat titanesque pour quelques poils … d’humains !
Le troisième a été obtenu par Tristan Cordeil pour un texte qui met en scène un glandeur qui ne fait jamais rien passant son temps avachi sur son fauteuil. Il ne croit plus en rien seulement en la poésie qui pourrait, à son avis, peut-être bien sauver le monde de l’emprise du capitalisme.

Dans ce recueil, il y a encore sept autres textes évoquant des sujets très différents : Charles le Chauve qui voudrait concourir pour le prix du mulet absent, Freddy qui se rebiffe contre ses parents en se faisant faire un coupe court devant long derrière, un marginal qui plante du cannabis dans le bois du maire et le dénonce, une graine explorant des chemins encore méconnus, le vaste champ des nuances jusques dans la coiffure, le concours de la plus grosse « teube » …

Un bon moment de lectures insolites, drôles, comiques, parfois même hilarantes et toujours très inspirées, démontrant l’immensité de la créativité dans le petit monde littéraire.