Les Roses d'Atacama
de Luis Sepúlveda

critiqué par Tistou, le 2 septembre 2024
( - 68 ans)


La note:  étoiles
35 Nouvelles
Enfin, nouvelles … très courtes les nouvelles, de 2 ou 3 pages pas plus, des Histoires marginales comme s’intitule le premier chapitre :

»J’ignore combien de temps je suis resté devant cette pierre, mais à mesure que le soir tombait, je voyais d’autres mains frotter l’inscription pour éviter qu’elle ne fût recouverte par la poussière de l’oubli : une Russe, Vlaska, qui devant la carcasse desséchée de la mer d’Aral m’avait parlé de sa lutte contre cette folie qui avait culminé dans la mort d’une mer pleine de vie. Un Allemand, Friedrich Niemand – Frédéric Personne – qui avait été déclaré mort en 1940 et qui, jusqu’en 1966, avait usé ses semelles dans les ministères et autres temples bureaucratiques pour démontrer qu’il était bien vivant. Un Argentin, Lucas, qui, écoeuré des discours hypocrites, avait résolu de sauver les bois de la Patagonie andine avec l’aide de ses seules mains. Un Chilien, le professeur Galvez, qui, dans un exil qu’il ne comprit jamais, rêvait de ses vieilles salles de classe et se réveillait les mains pleines de craie …/…
Eux tous et beaucoup d’autres étaient là, passant leurs mains sur les mots gravés dans la pierre, et j’ai su que je devais raconter leurs histoires. »


Le spectre est large, on le constate. Et de l’Allemagne (la pierre gravée dont il est question plus haut est à proximité des fours crématoires de Bergen Belsen) à la forêt amazonienne, à l’Adriatique avec l’île de Mali Losinj, de Singapour à la Laponie, Luis Sepulveda balaie toutes les problématiques auxquelles a été confronté cet homme curieux de tout et sensible à toutes les injustices.
C’est toujours intéressant et ouvre grand l’horizon, sinon des possibles au moins des réalités disséminées dans notre univers si cosmopolite.
Un dernier extrait pour la route qui prouve qu’en une phrase … :

in « Les roses blanches de Stalingrad »
« Je n’ai jamais su si Moscou était une belle ville, car la beauté des villes n’existe que reflétée dans les yeux de ses habitants, et les Moscovites regardent obstinément le sol, comme s’ils cherchaient une inutile terre perdue sous leurs pieds. »