Jacaranda
de Gaël Faye

critiqué par CHALOT, le 14 novembre 2024
(Vaux le Pénil - 77 ans)


La note:  étoiles
Une guérison impossible !
Milan est né de l'union d'un français et d'une rwandaise. Il vient de rentrer en 6ème et un jour ses parents accueillent chez lui un petit garçon noir. Il apprendra plus tard que Claude est le frère de sa mère. Ces deux petits vont sympathiser mais très vite , Claude va repartir. Quel est son secret ? Pourquoi Claude a-t-il une large blessure à la tête.
Voici le premier contact que Milan, métis "blanc" va avoir avec ses origines maternelles. Ces deux garçons se reverront au Rwanda et, effaré , catastrophé, horrifié, Milan découvre le massacre de 1994.
Intéressé par cette histoire, ce retour au génocide de 1994, je me passionne pour ces victimes et pour cette période de réconciliation impossible.
Quant au titre de ce livre , c'est une énigme...attendez la fin du livre, ce sera bien assez tôt.
C'est l'histoire d'une famille et surtout d'un pays, d'un peuple qui cherche à se reconstruire, sans oublier mais en essayant de panser ses plaies encore béantes.
Le début du livre coule doucement avant que peu à peu une angoisse saisit le lecteur qui très vite est pris dans un suspense qui respire l'authenticité dramatique.

Jean François Chalot
Retour dans un pays où il n'est jamais allé 7 étoiles

A 11 ans, Milan est frôlé par la guerre civile du Rwanda sous la forme de l'arrivée impromptue d'un cousin, Claude, un peu plus âgé que lui. Claude restera quelques temps et repartira aussi brutalement qu'il est arrivé.

La mère de Milan, née au Rwanda, ne racontera jamais rien sur son pays et ne répondra jamais aux questions de son fils.
Milan ressentira le besoin d'aller dans ce pays, pour comprendre, pour rencontrer les membres de la famille de sa mère.
Après avoir découvert la ville, es quartiers, il va à la rencontre, des modes de vie, des traditions, de sa famille maternelle. Il finira par s'installer dans ce pays. Difficile de dire si c'est le manque de réelles racines qui le fait rester pour se construire des racines ou s'il a un souhait inconscient d'une forme de rédemption par rapport à ce qu'a vécu son oncle maternelle.

Le roman propose plusieurs situations : celui qui est à l'étranger et n'a pas vécu ce qui s'est passé dans ce pays dont il est partiellement issu, celui qui a été déchiré entre le pays en guerre et un pays en paix, celui qui est resté dans ce pays durant tout le conflit. C'est aussi comment le pays va se reconstruire, comment les victimes et les bourreaux, maintenant obligés de se côtoyer, vont réussir à se reconstruire, comment certains, conscients d ce qu'ils ont commis, cherchent à se racheter.
C'est donc un foisonnement de situations à travers des personnages très bien esquissés mais pour lesquels l'auteur laisse des parts inconnues, permettant au lecteur de s'interroger.

Une écriture agréable, sans prétention, laissant au lecteur la place pour ses propres réflexions.

Mimi62 - Plaisance-du-Touch (31) - 72 ans - 25 février 2025


Le passé durement dévoilé 9 étoiles

Milan ne connait rien du passé de sa mère rwandaise. Entre eux, le silence est épais et la communication très difficile. Un jour, alors qu’il a douze ans, Claude, un jeune garçon de son âge débarque, mutique et blessé à la tête, directement de ce pays torturé. Enfin, Milan a un frère et ses parents lui disent qu’il va rester car il n’a plus de famille. Milan le prend sous son aile, lui apprend le français, le berce lors de ses cauchemars quotidiens…
En 1998, Milan part au Rwanda avec sa mère qui doit accomplir des démarches administratives et qui n’est plus revenue dans son pays depuis vingt-cinq ans. C’est alors qu'un coin du voile commence à se lever sur le passé de sa famille...
Que de détours pour enfin découvrir les vérités du passé tant le silence est lourd ! Gaël Faye décrit bien le poids de cette chape de plomb et les séquelles des massacres dans les cœurs et les têtes, dans les relations et les comportements.
Un roman dense, poignant dans ses témoignages, qui permet au lecteur de prendre la dimension humaine, à hauteur d'homme et de femme, du génocide.

Pascale Ew. - - 57 ans - 4 décembre 2024