Voyage de noces
de Patrick Modiano

critiqué par Palorel, le 28 décembre 2004
( - 44 ans)


La note:  étoiles
Le roman de Dora
1988: Patrick Modiano tombe, dans le numéro du 31 décembre de "Paris-Soir", sur l'avis de recherche de Dora Bruder. En 1997, il la sortira du néant en lui consacrant un livre. Entre-temps, il en a écrit cinq autres, dont "Voyage de noces" (le premier). Lors de la parution de "Dora Bruder, il dira: "J'ai écrit ce roman : "Voyage de noces", pour essayer de combler le vide que j'éprouvais quand je pensais à Dora Bruder dont je ne savais rien.".
"Voyage de noces" et "Dora Bruder" ont donc une origine commune: l'article de "Paris-Soir". Article que l'on retrouve tel quel dans "Dora Bruder" et à peine transformé dans "Voyage de noces": "On recherche une jeune fille, Ingrid Teyrsen...". Les ressemblances, plus ou moins explicites, entre les deux oeuvres ne manquent pas.
Mais "Voyage de noces" est plus romanesque que "Dora Bruder": un homme, exerçant de vagues activités d'explorateur, fait croire qu'il se rend à Rio, mais passe en fait quelques jours à Milan, après quoi il revient à Paris où il tente de vivre incognito. A Milan il a appris le suicide d'une jeune femme qu'il a connue, Ingrid Teyrsen, dont il tente de faire la biographie.... Plus romanesque et donc peut-être plus agréable à lire pour certains, rebutés par la sécheresse cadastrale de certaines pages de "Dora Bruder".
Ce n'est pas une copie (avant l'original!) vaguement romancée de "Dora Bruder", mais bel et bien une oeuvre à part entière, que l'on regardera peut-être un peu différemment après avoir lu "Dora Bruder". Il en est d'ailleurs ainsi de toute l'oeuvre de Modiano: livre après livre, elle gagne en force et en cohérence.
Quête et souvenirs, menaces et plaisirs 9 étoiles

La guerre et l'Occupation approchent et finissent par advenir. Le narrateur retrace les lieux de ses amours, ceux qu'il apprécie, et s'enquiert d'une femme aimée, d'une autre disparue. Commence une longue quête, via une série de séjours en villégiatures, de promenades urbaines qui retracent des souvenirs, mènent sur des pistes d'explications.
Ce roman apparaît commode facture classique pour les romans de l'auteur. Il relate ainsi son attirance pour les quartiers périphériques de Paris. L'Eglise d'Auteuil, l'avenue Daumesnil et La Porte Dorée figurent en bonne place dans les descriptions de cet opus.
Ce dernier s'avère fort intriguant, un tantinet mélancolique, entre angoisse et recherche de beauté et de bonheur malgré tout. J'aime beaucoup.

Veneziano - Paris - 47 ans - 25 décembre 2024