Amy Robsart
de Victor Hugo

critiqué par Cédelor, le 24 septembre 2024
(Paris - 52 ans)


La note:  étoiles
La première pièce de théâtre de Hugo, au comique léger et fin
« Amy Robsart » est une pièce de théâtre qu’écrivit Hugo en 1822 (à vingt ans !), en collaboration avec Alexandre Soumet. Il s’est inspiré directement pour cela du roman de Walter Scott, « Le château de Kenilworth », publié l’année précédente. Il le reprit et le compléta en 1827 et fut donné en représentation en février 1828 (c'est sa première pièce de théâtre). Ce fut un échec complet, nous dit la préface. Entre autres critiques, on trouva l’œuvre « extravagante et ennuyeuse, informe, sans originalité ». De dépit, certainement, Hugo ne l’édita pas. Le texte n’en fut retrouvé qu’en 1889, toujours selon la préface, par son ami Paul Meurice, qui préparait une publication d’œuvres inédites et posthumes du grand Hugo.

Soit. On pourrait donc penser, au vu des considérations ci-dessus, que la pièce était mauvaise et ne saurait être comptée que comme une œuvre mineure de jeunesse de Victor Hugo, ratée et sans réelle importance.

Pourtant, à sa lecture, à nul moment je n’éprouvais de l’ennui et ne trouvai cette pièce « informe et sans originalité ». Je ne serai d’accord qu’avec le seul qualificatif « d’extravagant » ! Car assurément, extravagant, cette pièce l’est ! Pour le reste, elle est tout sauf « ennuyeuse ». Je l’ai trouvé au contraire très vivante, originale, bien construite, dense, et surtout amusante. Oui, vous avez bien lu. Une pièce de Hugo « amusante » ?! On ne l’aurait pas cru et je ne m’y attendais pas du tout en commençant cette « Amy Robsart ». J’attendais un drame à la Hernani ou à la Lucrèce Borgia, bien sérieux et grave… Que nenni ! Tout du long de ma lecture de cette pièce, j’ai gardé le sourire aux lèvres et même rit par moments ! Hugo humoristique ! Voilà ce qui surprend ! En tout cas, moi, cela m’a surpris agréablement. Et au final, j’ai trouvé cette pièce excellente. On ne s’ennuie pas une seconde et on prend plaisir à suivre les aventures d’Amy, de son amoureux le comte de Leceister, du fringant Flibbertigibbet (quel nom !) et les méchants et bêtes Varney et Alasco qu’on adore détester et tous les autres personnages. Ils sont tous représentés avec une personnalité bien à eux, dotés d’une énergie, d’une volonté et d’une façon de s’exprimer qui leur est propre à chacun, et les différencient nettement, prouvant le talent de Hugo a bien camper ses personnages qui agissent selon leurs intérêts personnels. Et les scènes s’enchaînent avec virtuosité et on apprécie le comique subtil dont a su faire preuve Hugo, d’un bout à l’autre des 5 actes que comporte la pièce. On découvre ici la capacité à amuser et à faire rire qu’avait Hugo, qu’il n’a hélas pas entretenu dans les œuvres suivantes qu’il allait créer ensuite. Dommage, il aurait pu être aussi un grand auteur comique. Mais la vie qu’il allait avoir n’allait pas le pousser vers l’allégresse, c’est le moins qu’on puisse dire. Seul la fin, alors qu’on attendait plutôt un happy end, déjoue les pronostics et apparaît en effet un poil « extravagante » et détonne d’avec l’aspect général fin, alerte et cocasse de la pièce. Mais puisque Hugo l’a voulu ainsi, on va s’en contenter.

Bref, j’ai passé un très bon moment de détente avec « Amy Robsart ». J’en redemande ! Peut-être qu’il reste encore de lui quelques autres pièces peu connues et qui donnent du bonheur à les lire ? A voir !