L'oeil de la perdrix
de Christian Astolfi

critiqué par CHALOT, le 5 octobre 2024
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
le destin croisé de deux femmes du peuple
Rose est née au tout début du vingtième siècle ce qui lui fait connaître de très près deux guerres mondiales et la guerre d'Algérie.
Orpheline, élevée par un couple en Corse, enceinte à 16 ans elle suit son mari qui élève des moutons et s'installe avec lui.
Son mari, seul maître à bord, pas violent mais traditionnel dans les relations familiales décide d'abandonner son travail pour partir à Toulon « pour l'usine ».
Toute la famille le suit.
En 1957, un bon matin, elle rencontre Farida qui vit dans un bidonville de Toulon. Elles vont faire connaissance, se parler et devenir deux amies inséparables qui passent ensemble au moins une journée par semaine.
Rose découvre un autre univers, un milieu qui a du mal à être accepté mais des gens qui sont attachants.
La guerre d'Algérie fait rage, il y a d'un côté ce racisme de nombreux habitants vis à vis de ces algériens qui sont venus travailler en France et la politique coloniale répressive qui touche cette population.
Le massacre du 17 octobre va passer par là .
Farida y perdra son homme .
Ces deux femmes vont combattre le racisme, participer aux actions de solidarité développées par plusieurs associations
Elles apprennent à lire, Rose est « ignorante » et Farida ne maîtrise pas l'écrit.....Elles découvrent une pédagogie moderne, ludique et aussi la cause des femmes.
C'est une bouleversante histoire, celle de l'émancipation de ces deux amies qui doivent à la fois, trouver une place qui prenne compte de leur soif de reconnaissance et faire reculer le entre-soi qui génère les haines liées à l'ignorance de l'autre.
C'est la vie de « petites gens » qui est contée ici, des « minuscules » vies qui méritent d'être connues .
C'est l'histoire du combat émancipateur de femmes de l'ombre et celle de ces militants et militantes des droits de l'homme qui ont considéré que ceux et celles qui arrivaient en France avaient droit au soutien et au respect.

Jean-François Chalot