Au plus beau pays du monde
de Tahar Ben Jelloun

critiqué par Pucksimberg, le 13 octobre 2024
(Toulon - 45 ans)


La note:  étoiles
Un Maroc multiculturel décrit par l'écrivain
Tahar Ben Jelloun consacre un poème et quatorze nouvelles à son Maroc natal. Ses textes nous font voyager à Fès, Tanger, Marrakech, Casablanca et bien d’autres villes. Il aborde de nombreux thèmes qui lui sont chers comme l’amour, la religion, l’hypocrisie … Ces textes courts ne reposent pas forcément sur des chutes comme les nouvelles traditionnelles, mais s’apparentent davantage à la narration de séquences de vie qui permettront de faire émerger certaines problématiques. Il y a ces deux êtres qui s’aiment alors que l’un est musulman et que l’autre est juive. Il y a cet enfant trisomique qui fera la joie de ses parents, ce couple qui s’enfonce dans des délires administratifs kafkaïens, cette femme trompée qui demande justice et de nombreux autres sujets ancrés dans le Maroc de Tahar Ben Jelloun.

Il y a évidemment quelque chose d’exotique qui séduira le lecteur et peut-être même lui donnera envie de partir au Maroc. Le nom même de ces villes possède des connotations mythiques qui invitent au voyage. Pourtant, certaines situations touchent à l’universel. De nombreux lecteurs identifieront des problématiques qui nous concernent tous et qui ne sont donc pas uniquement liées au pays évoqué par l’auteur. Ces nouvelles sont des photographies de vies humaines confrontées aux aléas de la vie. L’écrivain ne juge pas ses personnages et nous laisse entrer dans ces univers secrets. Il évoque aussi le regard des marocains, la crainte de l’avis d’autrui et cette capacité à fermer les yeux sur certains qui dérangent.

Ses nouvelles ne surpassent pas certains romans de l’auteur, mais elles ont le mérite de nous faire entrer dans l’intimité de personnages marocains dont la destinée est nettement influencée par l’histoire du pays et l’islam. Le lecteur ressent la tendresse de l’écrivain pour ce pays et pour ses habitants. Le temps est aussi exploré par l’auteur par le biais de ces villes dont certains quartiers ont vieilli et où certains lieux sont devenus obsolètes comme ce célèbre cinéma. C’est une photographie d’un monde en plein changement que l’écrivain nous donne à voir.