Coeur
de Thibault de Montaigu

critiqué par CHALOT, le 25 décembre 2024
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
une biographie familiale reconstruite
L'auteur est un écrivain connu et chevronné.
Celui-ci est singulier car s'il s'appelle « Cœur », il aurait pu avoir d'autre nom comme « mon père ».
Son père, parlons-en , est malade, il n'est pas à l'agonie mais il est en phase départ .L'auteur se rappelle de son géniteur, un homme brillant, volage, quelque peu absent et c'est d'ailleurs ce qu'il lui reproche.
Souvent au moment de la perte d'un ascendant, on regrette de ne pas avoir discuté longuement avec celui qui part ou qui est parti.
Thibault de Montaigu répond à la demande que lui fait son père : trouver une réponse sur l'énigme familial à propos du grand-père , mort héroïquement lors d'une charge de la cavalerie qu'il dirigeait au début de la grande guerre.
Il y a naturellement une première question c'est le pourquoi de cette charge suicidaire ?
D'autres questionnements arrivent : pourquoi cet homme de « bonne famille » a t-il interrompu pendant trois ans sa carrière militaire pour la terminer dans un acte héroïque, certes mais surtout désespéré.
Sa quête de vérité, biographique va conduire l'auteur très loin jusqu'au refond de la mémoire collective ou individuelle des enfants ou petits enfants de ceux qui ont côtoyé ce Louis de Montaigu.
L'écrivain sait bien nous attirer, nous intéresser, d'autant plus qu'il touche une fibre intime du lecteur, celui de la mémoire familiale, celle qu'on détient, qu'on recherche ou qui est caché dans ses propres ressentis.
Il interroge le passé, rappelle le sort de tous ces nobles, "bien nés qui ont dû finir par abandonner des biens trop couteux à entretenir.
Il ne les plaint pas, c'est la vie et parfois leur choix.
Par contre, il reproche à la troisième République d'avoir écarté certains anciens nobles, pourtant talentueux mais soupçonnés de ne pas être républicains !?
C'est sa lecture, en partie réelle mais partielle car dans sa phase de construction l'état laïque et républicain s'est retrouvé face à tous ceux qui rêvaient d'en revenir à l'ancien régime.
Mais là, je suis moi aussi partial!
C'est en tout cas un livre qui ne nous est pas indifférent mais proche, même si on est « roturier » !

Jean-François Chalot