Madelaine avant l'aube de Sandrine Collette

Madelaine avant l'aube de Sandrine Collette

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par CHALOT, le 13 novembre 2024 (Vaux le Pénil, Inscrit le 5 novembre 2009, 77 ans)
La note : 10 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (24 754ème position).
Visites : 1 953 

roman noir à l'écriture éblouissante

Il fut un temps que certains osent bénir.
Les « seigneurs » étaient les maîtres, ils louaient « à prix d'or » la terre, celle qu'ils avaient reçue en héritage grâce à des rapines.
Les paysans qui n'étaient plus peut être des serfs mais pas encore des hommes libres cultivaient en famille ces terres et reversaient à leur « seigneur » la moitié des récoltes, et plus avec les impôts.
Ce roman nous décrit cette période là de notre histoire.
Ce minuscule hameau où se situe le roman est à l'abri du temps « historique » par contre les habitants, hommes, femmes et enfants sont soumis brutalement aux aléas du temps atmosphérique.
C'est l'histoire d'une famille et de deux sœurs jumelles qui vivent l'une près de l'autre dans deux fermes rapprochées. La première a eu cinq garçons , trois ont survécu, la deuxième n'a pas d'enfant mais un mari devenu fainéant et alcoolique.
La vie est rude et abominable notamment en hiver quand peu à peu, à certains moments il n'y a plus rien. Les animaux et même les humains meurent de froid et de faim et après ce terrible moment arrive le printemps,
Il n'y a plus rien à planter, les graines ont été mangés...
Il faut repartir en payant très cher les graines, à crédit, sachant qu'il faudra attendre plus d'un an pour tout rembourser.
Un jour, bien avant ce terrible hiver, une petite fille affamée est localisée par Rose qui habite pas loin.
Cette fille sera adoptée, plus ou moins apprivoisée et se montrera intrépide et courageuse.
Il faut être hardie et pleine de ressources pour vivre dans ces campagnes, partager un travail ardu et en plus subir les invasions brutales et sauvages du fils du seigneur qui viole et tue parfois les jeunes paysannes qu'il rencontre.
Madelaine devient l'âme ou la petite flamme de ces gens rudes mais solidaires.
Dès le début du livre, on sent qu'entre cette « sauvageonne » et ce jeune seigneur, il y aura une rencontre qui ne se soldera pas par une histoire d'amour.
Ce roman est aussi bien rythmé qu'un bon polar et est en plus écrit avec finesse.

Bonne lecture à vous !

Jean-François Chalot

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"Nous nous vengeons sur les plus faibles de notre propre impuissance "

8 étoiles

Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 6 avril 2025

Sandrine Collette (1970- ) est une romancière française. Elle explore souvent le thème de la nature et le genre du roman noir. "Madelaine avant l’aube" paraît en 2024.

Un hameau hors du temps, le lieu-dit "Les Montées" rassemble 3 petites fermes.
Rose, vieille femme, mémoire du village, vit seule après le départ de ses fils.
Eugène et Aélis, Léon et Ambre occupent les 2 autres fermes.
La vie est dure, rythmée par les saisons. Une vie de labeur, de souffrance, de famine et de morts sous le joug du seigneur, propriétaire terrien.
L'irruption de Madelaine, jeune sauvageonne sortie de la forêt, affamée et taiseuse, va bousculer les équilibres.
Madelaine comme une flamme de révolte. Madelaine qui ne tient pas la place des femmes mais s'affirme dans un monde d'hommes durs au mal.
Alors qu'on avait pris l'habitude de courber l'échine sous le poids du malheur, Madelaine va montrer les dents et attiser la flamme de la révolte.
Une flamme qui a un revers, un prix à payer.

Un roman qui m'a renvoyé à "Il reste à la poussière" car les enfants sont au coeur de l'histoire.
Le rôle des femmes est souligné, c'est par elles que sonne la révolte.
Sandrine Collette décrit un monde des plus noirs où l'humanité et l'animalité se mêlent.
La Nature est magnifiée dans sa splendeur et sa cruauté.
Quelques longueurs dans la dernière partie du roman auraient pu être évitées.
Un moment de lecture intense néanmoins.

Un roman bicéphale

8 étoiles

Critique de Froidmont (Laon, Inscrit le 28 octobre 2022, 33 ans) - 30 mars 2025

Un roman maîtrisé où chaque élément sert,
De sorte que tout est pour le coup prévisible ;
Mais ce n’est pas un tort que je prendrais pour cible.
Il en est un par contre qui, lui, le dessert :
C’est le renversement opéré à mi-voie
(Sans trop en révéler, car il m’a bien surpris,
J’en parle à demi-mot pour que ce soit compris).
Au milieu du bouquin, le récit se dévoie,
Le narrateur n’est plus le même qu’au début.
Une révélation alors l’identifie ;
Et je m’exclame ainsi : « Bon sang, c’est du génie ! »
J’applaudis sur le coup, c’est bien fait, c’est bien vu !
Un peu plus tard alors, un hic me vient en tête :
Ce premier narrateur dont il n’est plus question,
A quoi a-t-il servi dans la narration ?
Il n’a été qu’un œil, une ouïe qui se prête
A transcrire les mots qu’échangent les héros.
Cela peut épaissir la couche du problème,
Car sa nature fait que les très nombreux sèmes
Qu’emploient les personnages pour conter leurs maux,
Malgré sa volonté, lui sont inaccessibles.
Il raconte l’histoire et rapporte les faits,
Mais ne peut pas transcrire les mots échangés.
C’est cette incohérence que je passe au crible ;
Quoique, pour dire vrai, on puisse l’enjamber :
C’est un tout petit bleu fait en toute innocence
Sur la peau régulière de la vraisemblance.
Il n’y a pas de quoi l’envoyer à flamber.
Non, le plus gros reproche que je puisse faire,
C’est que ce narrateur, cet œil évanoui,
Racontait chaque fait par des mots inouïs.
C’était beau ! C’était tout ! Pourquoi le faire taire ?
Quand on a su donner une telle saveur,
Un tel balancement au rythme de nos phrases,
Un style, des images, pourquoi donc la stase ?
Pourquoi écrire après d’une telle fadeur ?
J’aurais pu adorer, tout juste j’apprécie …
Le tout premier segment vaut d’être cent fois lu ;
Et pour l’avoir écrit, je mets mon front à nu.
Le second, quant à lui, se lit sans éclaircie.
Est-ce une volonté de plonger dans le noir,
De suivre Madelaine vers les sombres rives ?
Volonté d’enlever, volonté soustractive,
Volonté d’arracher la beauté et l’espoir ?
Je n’en sais fichtre rien ; je sais que je regrette
Le changement de voix qui ne m’empêche pas
De conseiller ce livre à qui m’écoutera,
Pour peu que le malheur foisonnant ne l’embête.

Un livre hors du temps

6 étoiles

Critique de Bernard2 (DAX, Inscrit le 13 mai 2004, 75 ans) - 18 novembre 2024

Sans lieu précis (un hameau imaginaire), sans date précise mais qu'on peut situer au début du XVIIIème siècle, voici un roman de terroir âpre, avec son lot de mauvaises récoltes, de froid qui détruit tout, de propriétaires tout-puissants face à des paysans qui peinent à survivre. Deux sœurs jumelles ont épousé deux hommes bien différents qui rendent l'existence encore plus dure que ce qu'elle pourrait être.
Et puis il y a Madelaine, cette sauvageonne qui va se révolter face à ces conditions de vie quasi inhumaines.
Si l'écriture est agréable, j'ai toutefois regretté la lenteur avec laquelle l'histoire a véritablement démarré. D'où le sentiment de nombreuses longueurs.

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