Torrentius de Pierre Colin-Thibert

Torrentius de Pierre Colin-Thibert

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Catinus, le 23 novembre 2024 (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans)
La note : 8 étoiles
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Un court ouvrage mais de très haute qualité

Nous sommes en Hollande au dix-septième siècle. Johannes van der Beeck (alias Torrentius) est un des peintres les plus réputés de son temps. Ses natures mortes sont plus qu’admirables. Mais l’homme ne dédaigne pas des scènes plus osées. On dirait aujourd’hui : pornographiques. De plus, ce Torrentius est un bon vivant : il apprécie les femmes et les dives bouteilles. Ce qui ne plaît pas à certaines Instances. Ainsi, il est traduit devant un Tribunal pour apostasie, images licencieuses, son amitié avec le Diable, aux mœurs immorales.
L’écrivain suisse, Colin Thibert (1951) nous dépeint admirablement cette affaire judiciaire, y compris la « Question » (torture) que devra subir cet artiste. Dans la lignée, nous lirons son extraordinaire évasion vers l’Angleterre où Roy a décidé de l’héberger.
Un court ouvrage de 125 pages mais de très haute qualité !

Extraits :

- Ma peinture à moi, monsieur, est une autre affaire ! Ce n’est pas vous qui la contemplez, c’est elle qui vous regarde ! Elle vous happe et ne vous quitte plus ! Mon pinceau fouille au cœur de la matière pour en révéler l’essence même. Mes natures mortes sont philosophiques. Elles sont à la peinture ce que l’œuvre de Paracelse est à la médecine.

- Dans la nature morte destinée à Sa Majesté Charles 1er roi d’Angleterre, est-il écrit, la peinture devra faire figurer un échiquier et quelques pièces de jeu, un sablier, un casque et une épée, un parchemin scellé à la cire rouge, et une Bible. Est-il nécessaire de préciser que le sablier et la Bible sont là pour rappeler que nul royaume terrestre ne saurait prétendre à l’éternité, que le casque et l’épée doivent évoquer les hauts faits militaires du souverain et l’échiquier témoigner de son habilité politique.

- Le plus classique des supplices, encore en usage dans nombre de dictatures – il est des techniques qui ne se démodent pas – consiste à pendre le prisonnier les bras attachés et tordus dans le dos. Il suffit au bourreau de vérifier périodiquement que les liens ne risquent pas d’entraver la circulation du sang ou de cisailler les chairs, la gravité fait le reste.

- Réfléchissez : si les femmes pouvaient, à leur gré, de porter ou non des enfants, elles deviendraient d’une certaine manière nos égales. On les verrait alors partout, se mêlant de tout, certaines se mettraient sans doute en tête de commander et si, par extraordinaire, elles se révélaient meilleures que nous, imaginez quel enfer deviendraient notre existence ?

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