Recherche paternelle en musique

Le Quatuor Dionysos, un quatuor à cordes, violon 1, violon 2, alto et contrebasse, souhaite, sous la direction de Peter, terminer l’enregistrement de l’intégrale des quatuors à cordes de Beethoven qu’il a commencé vingt-deux ans auparavant. Il ne lui reste à graver que le préféré de Peter, le septième quatuor à cordes opus 59 « Razoumovski » n° 1 en fa majeur. Vingt-deux ans auparavant, il avait dissout le quatuor et chacun était reparti de son côté : Boris, violon 1, s’est fait viré de son orchestre pour alcoolisme chronique, Jean-Benoît a continué dans le même orchestre a joué de l’alto et Guillaume a connu des problèmes familiaux qui l’ont mis sur la paille, Peter l’a accueilli chez lui. Peter le leader charismatique du groupe, le véritable meneur, le musicien le plus brillant et surtout le plus exigeant, celui dont l’auteur raconte l’histoire a connu une vie fort agité après le décès de son épouse.

Il a appris très tard qu’il est le fils biologique d’un richissime hongrois qui lui a légué une fortune considérable à la suite de son décès dans un accident de voiture. Après avoir effectué quelques recherches sur ce personnage qu’il ne connait même pas, il apprend que celui-ci a changé de nom et qu’il est en vérité un nazi recherché, fils d’un tortionnaire nazi lui aussi. Son épouse apprend cette filiation et ne la supporte pas, fragile des nerfs, elle fait de graves crises et finit par se suicider laissant Peter seul avec son fils encore tout bébé. A la naissance de celui-ci, il apprend qu’il est, tout comme le bébé, porteur d’un gêne qui n’existe pas en Europe centrale mais qu’il viendrait plutôt de l’Europe du sud. Il ne serait donc pas le fils du tortionnaire hongrois.

Sa mère lui révèle qu’elle a eu une brève aventure avec un bel Italien quand elle était encore bien jeune et qu’il est le fruit de cette union. Il part en Italie à la recherche de cet autre père plus probable mais guère plus glorieux que le précédent. Il le retrouve, le voit et rencontre une demi-sœur qui lui raconte l’histoire de son père du moins ce qu’elle en sait, un journaliste lui en apprendra un peu plus. Il rentre chez lui avec cette bien jolie femme au passé de championne et décide de convaincre ses collègues du groupe de terminer l’enregistrement de l’intégrale des quatuors à cordes de Beethoven afin qu’il soit les premiers à le réussir ce véritable exploit.

J’ai beaucoup aimé ce livre même si l’intrigue est un peu alambiquée et pas forcément très crédible, l’auteur possède un art consommé de la narration, il sait à merveille raconter des histoires bien compliquées mais pleine de sensibilité et de sensualité. Il sonde le cœur, l’âme et la chair de ses personnages avec une grande perspicacité en en extrayant la plus fine parcelle d’humeur, d’émotion, d’amour, de désir, de rancune, de fierté, … Et, il replace tout ce matériel psychologique, mental, affectif, …, sur des airs de musique qu’il connaît à la perfection, il analyse les partitions avec une maitrise totale de la musique, des intentions de l’auteur et de la façon de les interpréter.

Ce texte est une véritable analyse de ce quatuor de Beethoven mais c’est surtout une profonde réflexion sur la culpabilité et la rédemption : sommes-nous responsables des actes de nos pères ? héritons-nous de toutes leurs tares ? de tous leurs travers ? de tous leurs méfaits ? Ne pouvons-nous pas être considérés comme des gens normaux capables de faire le bien ? c’est ainsi une analyse sur le bien et le mal, l’amour, la famille, la paternité et la mort, tout ce qui constitue notre vie.

C’est probablement le meilleur livre de fiction que j’ai lu cette année, l’auteur a un talent que bien d’autres écrivains primés pourraient lui envier !

Message de la modération : Editeur à contrat abusif

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  Dernier mouvement [Texte imprimé], roman

  de Berberian, Dominique
  l'Harmattan
  ISBN : 9782385412753 ; 20,00 € ; 08/09/2023 ; 224 p. ; Broché

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