Rodolphe et les secrets de Mayerling
de Jean Des Cars

critiqué par Sally-Ann, le 5 janvier 2005
( - 41 ans)


La note:  étoiles
Je reste un peu sur ma faim....
Cela fait des années que je cherche des ouvrages complets sur la tragédie de Mayerling. Imaginez donc ma joie lorque j'ai vu le livre de Jean des Cars qui se propose de synthétiser tout le mystère. Ce qui m'intéressait chez Jean des Cars, c'était le fait qu'il est, comme moi, plutôt partisan de la thèse de l'assassinat politique, ce que j'avais déjà pu voir dans son livre Sissi ou la fatalité.
Comme tous les livres de Jean des Cars, c'est un beau livre, bien illustré (une photographie de Mitzi Kaspar aurait été la bienvenue...), bien écrit, bien documenté.
Cependant, j'avoue être un peu déçue par ce livre qui n'apporte pas de réelles réponses.
Privilégiant la thèse l'assassinat politique, il est normal que Monsieur Jean des Cars s'attarde pendant plus de 400 pages sur la vie de Rodolphe, de sa naissance jusqu'à décembre 1888...mais pour un livre sur Mayerling, passer à peine 100 pages sur la tragédie, c'est malheureusement un peu léger à mon goût.
La lecture de la biographie de l'archiduc se révèle assez fastidieuse par toutes ses explications politiques qui sont bien évidemment nécessaires pour expliquer le climat socio-politique qui régnait à la mort de l'archiduc tant dans le royaume même qu'à l'extérieur de ses frontières.
J'ai tout de même ressenti un peu de plaisir à apprendre que l'échec du mariage de Rodolphe avec Stéphanie de Belgique n'était pas entièrement du à l'archiduc (qui a fait beaucoup pour essayer de sauver son mariage malgré les refus catégoriques de Stéphanie) et qu'il n'était pas aussi dépravé et débauché qu'on a bien voulu le dire (bon, remarquez bien que c'est une condition assez nécessaire pour réfuter la thèse du suicide...mais je trouve quand même le Rodolphe de Jean des Cars beaucoup plus crédible).
Mes déceptions concernent les chapitres concernant la tragédie en propre. On n'y apprend pas grand chose de nouveau. On s'embrouille beaucoup avec tous les extraits de journeaux de l'époque. Je n'ai pas trouvé cette enquête très rigoureuse et méthodique...ce qui semble nécessaire vu l'imbroglio qu'est Mayerling. N'aurait-il pas mieux valu consacrer un chapitre à chaque hypothèse?
On sent bien que Jean des Cars trouve la thèse de l'assassinat politique beaucoup plus crédible que celle du double suicide, idée romantique par excellence. Je suis assez d'accord avec lui. Monsieur des Cars relèvent certaines contradictions mais en crée d'autres (notamment sur le corps de Mary Vetsera qui devait se trouver nu à côté de celui de Rodolphe selon les témoins et selon un médecin de la cour qui n'aurait pas du voir le corps à cet endroit puisqu'il aurait été déplacé entre temps par un serviteur de Rodolphe pour être placé dans un panier d'une pièce voisine!).
De plus l'argument principal de Monsieur des Cars est le témoignage de SAIR Zita, dernière impératrice d'Autriche, qui soutenait la thèse d'un assassinat politique mené par les services secrets français. Jean des Cars en fait à peine mention, privilégiant l'hypothèse d'un assassinat commandité par la Prusse (il ne s'interroge d'ailleurs pas sur le commanditaire: Bismark ou Guillaume II?). De plus, je regrette que Monsieur des Cars ne propose aucune reconstitution de son hypothèse.
Après lecture de cet ouvrage, je reste toujours avec des interrogations. Qui? Français ou allemands? Bismark ou Guillaume II? Que s'est il réellement passé? Que savent les Habsbourg? Jean des Cars mentionnent l'existence d'un coffret révélant toute l'affaire qui serait en possession de l'archiduc Otto...que renferme-t-il? Pourquoi ne pas l'ouvrir? Quel intérêt de continuer à cacher tout ça? Enfin, tous les chercheurs sont effondrés de constater que les dossiers d'archives autrichiens sont vides...mais qu'en est-il de ceux de Paris, de Berlin, de Londres? Si Berlin ou Paris a commandité l'assasssinat, il doit bien y en avoir des traces...