Les chaînes d'Eymerich
de Valerio Evangelisti

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 6 janvier 2005
(Montréal - 55 ans)


La note:  étoiles
Zombies et religion
Dans ce deuxième tome de la série, Evangelisti remise la science-fiction pure pour se consacrer entièrement au fantastique.

Habituellement construit sous la forme de deux récits en parallèles, ce titre est plus ambitieux et jongle avec de multiples voix. On retrouve évidemment le grand inquisiteur Eymerich aux prises avec des hérétiques Cathares en période médiévale. Mais aussi, on nous transporte chez un fermier d’organes au Guatemala, en Allemagne Nazie et dans les charniers de la Roumanie de Ceausescu. Les anneaux de la chaîne sont reliés par des expériences génétiques qui engendrent, entre autres, des créatures horribles mi-hommes mi-animaux.

Cette fois, tout comme ma critique, l’auteur s’éparpille un peu trop et la trame complexe qui soutient le tout requiert bien des efforts du lecteur. Il faut être patient jusqu’à la fin avant que l’ensemble puisse prendre en bloc et nous fournir les explications qui élucident toutes les énigmes. Mais malgré cette lacune, « Les Chaînes d’Eymerich » consiste encore en une autre dose satisfaisante de l’imaginaire délirant de l’auteur. Ça ne ressemble à rien d’autre, c’est éclaté, sombre et jouissif.
Eymerich chez les Cathares 8 étoiles

L'enquête menée par Nicolas Eymerich nous amène auprès d'hérétiques Cathares. Cette immersion nous fait comprendre qui étaient ces gens-là et quelles étaient leurs croyances.
Les parallèles avec l'époque contemporaine sont très fréquents et nous proposent une galerie de personnages auprès desquels nous avons parfois du mal à suivre le fil conducteur. Tout ceci est normal, car ce ne sont que dans les toutes dernières pages que tout sera dévoilé ; disons que cela semble la marque de fabrique de l'auteur, ce qui n'est pas déplaisant pour le suspense.
En fait, le souci avec les personnages "observés" durant le 20ème siècle, c'est qu'on éprouve un peu de mal à s'y attacher : ils vont, ils viennent, leurs actions comptant plus que l'étude de leur personnalité et leurs motivations. De ce point de vue là, Nicolas Eymerich nous en apprend beaucoup plus sur lui-même. Et, à l'inverse du premier volet où il semblait toujours seul, ici il forme avec ses acolytes prêtres et bourreaux, une fine équipe qui apparaît au fil des pages de plus en plus solidaire. Une fine équipe donc, ce qui est assez inattendu.
Au final, j'ai bien aimé, et hâte de lire le troisième volet.

PPG - Strasbourg - 48 ans - 9 février 2013