L'homme aux lèvres de saphir de Hervé Le Corre
Catégorie(s) : Littérature => Policiers et thrillers
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Poésie assassine
« Mais, l'homme aux lèvres de saphir a calculé longtemps à l'avance un perfide coup. » (Les Chants de Maldoror - Chant VI).
Les écrivains avouent qu'il sont souvent dépassés par leurs propres oeuvres (du moins les interprétations qu'en font leurs lecteurs). Isidore Ducasse (plus connu sous le pseudonyme du comte de Lautréamont) pouvait-il imaginer que Maldoror, son héros de papier, donnerait naissance à un monstre sanguinaire et que ses Chants deviendrait la bible d'un esprit dérangé?
Nous sommes en janvier 1870. Etienne Marlot, qui vient de perdre sa mère, débarque à Paris avec une vieille charrette et quelques meubles, ses seuls biens. Un cousin éloigné lui a promis de le loger et de l'aider à trouver du travail. Mais pour l'heure, ça se présente plutôt mal pour le provincial. Arrivé en pleine nuit dans la capital, il tombe nez-à-nez avec un cadavre encore chaud. Il s'agit d'un tout jeune homme, éventré et pendu par les pieds à la colonne Vendôme. L'assassin n'a pas eu le temps de s'échapper...
Hervé Le Corre nous guide à travers le Paris des humbles et des exclus : ouvriers, artistes maudits, voleurs, filles de joies... Tout ce petit peuple qui survit tant bien que mal et dont on entend monter la grogne jusqu'à l'éclatement.
La Commune de Paris, hantée par la figure emblématique de Louise Michel (dont on fête le centenaire de la mort cette année), sert de fond historique à ce polar bien ficelé. L'atmosphère particulièrement oppressante fait penser à une autre affaire (bien réelle celle-ci) qui terrorisa les Londoniens à peu près à la même période : je parle bien sûr des crimes de Jack L'Eventreur.
Les méthodes d'investigation de l'inspecteur Letamendia qui, au grand dam de son supérieur hiérarchique, s'intéresse beaucoup aux travaux de la police scientifique et surtout à aux théories des aliénistes, ne sont pas sans rappeler l'oeuvre de Caleb Carr (L'Alieniste, L'Ange des ténèbres).
J'ai regretté dans un premier temps que l'identité du tueur nous soit si rapidement dévoilée, mais à bien y réfléchir, il me semble que cela n'altère en rien le suspense de l'intrigue. Non seulement le lecteur y gagne peut-être en réalisme mais surtout il échappe aux travers de certains thrillers trop accrocheurs.
La conclusion est parfaitement conforme à ce qu'on pouvait attendre (non d'un roman policier) mais d'un ouvrage s'inspirant du ténébreux 19ème siècle... n'en déplaise aux intégristes du Happy-end !
Les éditions
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L'homme aux lèvres de saphir [Texte imprimé] Hervé Le Corre
de Le Corre, Hervé
Payot & Rivages / Rivages noir
ISBN : 9782743613099 ; 9,15 € ; 01/10/2004 ; 503 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (5)
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Un roman maîtrisé
Critique de Ravenbac (Reims, Inscrit le 12 novembre 2010, 59 ans) - 18 juin 2018
Un polar à l'intrigue bien ficelée, où l'auteur nous embarque dans le labyrinthe d'une ville grouillante de vie, de misère et de violence.
Le style est original. Et l'auteur a su faire renaître la langue d'une époque et d'une classe sociale.
Voyage au XIXe
Critique de Tetef (Tarare, Inscrit le 24 février 2013, 51 ans) - 1 janvier 2015
Attention, c'est un livre pour les amateurs de Thrillers car des passages présentent des scènes de violences décrites avec un horrible réalisme.
Un illuminé en plein Paris
Critique de Ayor (, Inscrit le 31 janvier 2005, 52 ans) - 17 avril 2011
Les descriptions du Paris de la fin du dix-neuvième siècle avec son mode de vie parmi les immondices de certains quartiers ouvriers où la survie est une bataille quotidienne, la lutte permanente et ahurissante des classes sociales, et surtout la condition des femmes d’en bas qui n’ont d’autres choix pour vivre que de se vendre sont d’un réalisme exceptionnel. C’est en cela que cette œuvre est réussie, plus que par son sujet, certes original en ces années, mais de multiples fois traité depuis.
Très bon
Critique de Kinsey (, Inscrite le 30 novembre 2005, 52 ans) - 30 novembre 2005
Ah, quel dommage qu'on ne trouve pas plus de livres avec ce petit côté social qui me plaît tant.
Le seul petit bémol que j'y mettrais est le côté un peu trop gore pour moi des meurtres commis
Bravo Hervé
Critique de Alandalus (BORDEAUX, Inscrite le 1 juillet 2004, 67 ans) - 27 septembre 2005
Tout y est. Et bien écrit, en plus et pour ne rien gâcher.
Un premier prix au Festival de Cognac 2004 bien mérité.
Je l'ai prêté autour de moi et le commentaire a été unanime. Oui, unanime : "Il est difficile d'entrer dans un autre bouquin après celui-ci. Tout semble fade."
A vous de voir et de nous dire.
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