Niznayou
de Françoise Pirart

critiqué par Débézed, le 28 janvier 2025
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
L'accueil des migrants
A Fonsny-la-Roche, Lena, jeune femme, mariée avec Tony, un mari violent passionné par les armes à feu, travaille dans un centre d’accueil pour les réfugiés. Un jeune garçon étranger vient régulièrement les visiter sans rien demander faisant mine de ne pas comprendre la langue du pays. Il vit dans une famille où il a été placé après l’accident qui a détruit le couple qui l’accueillait, le mari de ce couple était la fils de l’autre couple, celui où il réside désormais, et la femme son épouse. Intriguée par ce jeune garçon, Lena essaie de comprendre d’où il vient et où il vit, elle rencontre Jeff et Jeanne sa famille d’accueil qui lui apprend que ce gamin, Medhi, leur a été confié après l’accident qui a coûté la vie à leur fils et à son épouse.

L’enfant vit très mal ce changement, Jeanne est grande et forte, elle a le verbe haut surtout quand elle accuse son mari d’être responsable de l’accident qui a causé la perte du jeune couple et de ses jambes à lui. Le gamin qui possède mal la langue croit que Jeff a tué les deux jeunes qui l’hébergeaient et craint d’être le suivant sur la liste. Il fugue souvent. Au cours de l’une de ses fugues, il rencontre Michaël un homme qui vit retiré loin du monde, ne fréquentant que Saline et Emilien, deux personnes âgées qui exploitent les reliquats d’une ferme perdue au fond de la campagne. Michaël leur donne un coup de main pour les travaux d’entretien et de rénovation sommaire.

Niznayou aime se réfugier auprès des ces trois personnes, Sabine institutrice en retraite lui apprend à lire et Michaël lui enseigne le monde de la forêt. Il prend de plus en plus confiance en lui et n’est plus Niznayou comme l’appelle les gosses de l’école qui le harcèle à cause de son parler approximatif. « Ni znayou » signifie, « je ne sais pas » en russe, formule qu’il utilise régulièrement pour esquiver toutes les questions qui pourraient l’embarrasser. Il raconte son exode à Lena et lui confie le cahier écrit par sa mère pendant leur martyr sous les coups des Russes pendant la guerre de Tchétchénie. Il est le seul survivant de la famille.

Tony de plus en plus violent et jaloux n’apprécie pas que sa femme s’occupe de ce gamin, il croit que c’est une couverture pour voir un autre homme, il la menace et en arrive même à la frapper. Il fréquente un groupe d’homme qui s’exerce aux armes à feu dans les bois en tout illégalité. Une bande de forts en gueule, fiers à bras, qui veut faire la police en imposant la loi du talion . Ils veulent s’en prendre à Michaël qui rode trop souvent dans les bois avec un gamin. Il l’accuse de pédophilie et veulent lui régler son compte. Michaël veut seulement rénover une maison originale où Sabine et Emilien pourraient passer leurs vieux jours.

Ce texte dans lequel l’auteure alterne les paragraphes concernant les divers héros de son histoire est avant tout un roman racontant la très difficile intégration des migrants et plus largement l’acceptation de la différence. C’est aussi un plaidoyer pour la solidarité, l’entraide, l’amitié, …, qui permettent de franchir les obstacles le plus difficiles. Un texte qui évoque aussi le drame tchétchène et toutes les exactions qui n’ont pas été totalement relayées par les médias européens, l’auteure ayant eu accès à des sources personnelles.

Une façon de croire encore à un monde moins violent, plus solidaire, où tous auraient une place et où chacun pourrait vivre dans son lieu de culture originel.