La Cuisinière du Kaiser de Armel Job

La Cuisinière du Kaiser de Armel Job

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Catinus, le 28 février 2025 (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (13 413ème position).
Visites : 1 565 

Tout simplement brillant !

Magda est née à Raeren, en Prusse. C’est un joli brin de fille, au caractère bien trempé, une bonne cuisinière. Avec Victor, elle a plusieurs enfants, des garçons et des filles – il y aura même une entourloupe -. Le couple décide de transformer un bâtiment à Vieux-Ménil, situé dans la province du Luxembourg, devenant le « Grand Hôtel des Ardennes » qui acquiert vite une réputation de prestige. Tout bascule en août 1914. Plusieurs habitants de la localité sont assassinés par les Allemands dont Guillaume, un enfant de notre couple. Pour Magda, tout s’effondre. Elle n’aura de cesse de chercher une éventuelle réponse à : pourquoi ? Dans sa quête, elle sera confrontée au Kaiser Guillaume II, dit l’ « estropié » qui loge à Spa.
Un récit palpitant mené, non par un Saigneur de la Guerre mais par un Seigneur de la Plume.
Tout simplement brillant, une fois de plus !

Extraits :
- Quand deux pauvres s’aident, Dieu en rit.

- Les enfants apportent autant d’angoisse que de bonheur. Il faudrait moins s’attacher, comme tant de mères s’y obligent, pour se prémunir contre le pire. Magda ne sait pas dompter son cœur.

- Le jour vient où l’on arrête de boire parce que l’on en assez de la gueule de bois du lendemain.

- Il est occupé à planter les terres incultes que les communes ont mises en vente forcée conformément à la loi de 1847. Défrichées, elles se couvrent alors d’épicéas. Les propriétaires ne jurent que par cette essence qui arrive à maturité après seulement soixante années et deviennent le nouveau paysage de l’Ardenne.

- Le pasteur protestant en venait à envier les catholiques. A eux, il suffit de glisser leurs péchés dans le tuyau de l’oreille d’un confesseur pour s’en vidanger et se retrouver l’âme propre et tranquille, prête à succomber à la prochaine occasion.

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Un nouveau roman remarquable

10 étoiles

Critique de Pacmann (Tamise, Inscrit le 2 février 2012, 60 ans) - 1 mai 2025

Si mon auteur belge préféré nous avait ces derniers temps habitué à des romans certes dramatiques, mais surtout des intrigues policières, ce dernier opus prouve à nouveau l'étendue de sa capacité à nous séduire et nous émerveiller sans véritablement entretenir un suspense en raison du caractère historique de ce livre. Sur fond de la grande guerre, tout en s'inspirant d'un drame ayant touché ses aïeuls, Armel Job nous livre un monceau de bons mots dans ce récit qu'on devine plus encore personnel tout en en restant un vrai roman.

Encore une fois, au travers de la personnalité d'une femme remarquable, victime de sa mixité culturelle germano-belge, à une époque où les Allemands étaient perçus comme des monstres, l'auteur va briller de tout son talent et grâce à son sens exceptionnel de décrire l'humain.

Ce romancier au profond pouvoir d'analyse va faire l'éloge du genre féminin en restant honnêtement critique de l'emprise des hommes, des injustices qui accablent nos existences et accessoirement de la religion.

Une seule phrase en plus de celles citées par la précédente critique a retenu mon attention : "Si Dieu avait été une femme, Il n'aurait pas laissé mourir son fils".

Longue vie à Armel Job, et qu'il puisse encore nous éclabousser d'émotions par ses œuvres à venir.

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