Madame Bâ de Erik Orsenna
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Le rythme langoureux du fleuve Sénégal
Madame Bâ est malienne , d'un milieu modeste , fille de forgeron , mais femme de grande sagesse . Elle aime son pays et est fière de lui . Elle essaie de lutter contre les deux fléaux qui gangrènent l'Afrique : l'ignorance et la corruption . Elle considère que l'Occident moderne n'est qu'un paradis factice où le peuple soninké part perdre son âme et elle a passé toute sa vie à lutter contre cette fuite éperdue du peuple vers le miroir aux alouettes , cette inutile saignée des forces vives d'une nation .
Paradoxe voilà que son petit fils Michel tombe dans le piège du football . Il est sélectionné . Il croit à sa chance . Alors Madame Bâ essaie de voler à son secours . A sa grande honte , elle entame les démarches pour une demande de visa . Et elle est rejetée . Alors , elle décide de frapper encore plus haut et s'adresse carrément au Président de la République . Dans sa lettre , elle lui raconte toute sa vie , son enfance , sa vie de femme , son métier etc ...
Elle dresse un bilan de son pays et nous fait ainsi part d'une vision différente de la France , car vue depuis là-bas .
Un livre magnifique , parfois dérangeant , mais à lire absolument .
Les éditions
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Madame Bâ [Texte imprimé], roman Erik Orsenna
de Orsenna, Erik
le Livre de poche / Le Livre de poche
ISBN : 9782253112464 ; 8,70 € ; 01/04/2005 ; 507 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (4)
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Afrique véridique
Critique de Millepages (Bruxelles, Inscrit le 26 mai 2010, 65 ans) - 5 septembre 2023
Kayes, un petit village typique de l’Ouest du Mali, du côté où le fleuve Sénégal se la coule douce. C’est là que notre héroïne – le mot n’est pas usurpé – a vécu une enfance rude mais heureuse. Désormais grand-mère après avoir abandonné ses études de droit pour élever huit enfants sans beaucoup d’aide de « son trop beau mari », extra –conjugalement très sollicité et aujourd’hui décédé, elle mène un combat pour retenir ses compatriotes, la plupart d’entre eux rêvant d’une vie en France. Un miroir aux alouettes lui indiquent son instinct, sa sagesse et son instruction.
Or, son petit-fils Michel, exfiltré par un oncle un peu véreux, se trouve justement dans ce supposé eldorado pour y assouvir sa passion du foot avec la certitude rêvée d’y faire une immense carrière, à l’image de ses idoles qu’ étant petit il distinguait entre les parasites sur l’écran télé du village. Madame Bâ ne veut pas laisser un enfant vulnérable sous l’emprise de trafiquants aussi prompts à s’enrichir sans vergogne sur le dos des rares jeunes sportifs qui percent que de se débarrasser sans fioriture des nombreux autres. Elle a donc décidé d’aller arracher elle-même son petit-fils à ce réseau malfaisant.
Mais pour voyager en France, elle doit d’abord obtenir un visa par le biais du formulaire ad hoc. Le hic, c’est qu’il lui est absolument impossible de décliner son identité sans raconter d’où elle lui vient. Ni de mentionner sa profession sans la resituer dans le cadre local. Et ainsi pour chaque rubrique. Bref, ce formulaire 13-0021 n’est pas du tout adapté à sa situation.
Un avocat français, venu chercher une expérience en Afrique, accepte de l’aider dans ses démarches, mais il va de soi que chaque minute est facturée, fût-ce en tenant compte de la réalité économique locale. Principe très vite abandonné, sa cliente n’ayant pas les moyens de payer en proportion de sa verve intarissable. Au début angoissé par le temps non rentabilisé qui passe, il va peu à peu se décrisper, écouter, encourager Madame Bâ à poursuivre son histoire et terminera subjugué.
Tout comme le lecteur d’ailleurs.
Afrique magique
Critique de Ulrich (avignon, Inscrit le 29 septembre 2004, 50 ans) - 14 août 2006
La construction de ce livre est brillante. Conçue à partir d'un formulaire de demande de visa pour la France, Madame Bâ nous raconte sa vie ; l'intrigue se noue (Pourquoi venir en France ?). Rien que la construction de ce livre donne le ton : la France c'est encore elle qui décide. Voilà aussi le message de ce livre, la critique d'une mondialisation eldorado qui ravage.
Et puis il y a tout le talent de l'écriture. Je ne connais pas particulièrement l'Afrique, sauf le Mali. Je connais très peu la littérature africaine excepté un peu celle d'Hampaté Bâ . Malien lui aussi, le titre de ce livre est sans doute un clin d'œil (en tout cas je l'ai imaginé ainsi tout au long du livre sans raison sauf celle de mon envie).
Mon seul voyage en Afrique noire est un voyage au Mali. Je m'y retrouvais. E Orsenna m'y a plongé avec délectation . J'y ai retrouvé tout l'humour, la sensibilité, l'intelligence d'une écriture africaine.
Erik Orsenna ne s'y trompe pas lui même. Il sait qu'il a aussi réalisé un exploit stylistique, fruit d'un long travail comme l'atteste la longue et chaleureuse liste de ses remerciements.
J'ai eu du mal à ouvrir ce livre, fruit d'un présupposé absurde rangeant Erik Orsenna à côté de BHL, Jean d'Ormesson et autres auteurs qui me sont toujours apparus bien plus comme des vedettes de télévision que comme des écrivains.
J'avais tort. Manifestement tort. Ce livre est mélange de talent, de travail, de sensibilité et d'intelligence pour faire vivre la magie de l'Afrique.
Enfin et s'il fallait encore un superlatif et un exploit supplémentaire, Erik Orsenna écrit la vie d'une femme africaine et émancipée. Il se fait femme et se fait oublier. Madame Bâ envahit tout. Elle est le récit et l'auteur. Elle devient Afrique ; elle est l'Afrique.
un livre total
Critique de Thémis69 (, Inscrite le 21 avril 2006, 46 ans) - 25 juin 2006
Non, ce n'est rien de tout ça.
C'est bien plutôt le plaisir des sens. A travers ces lignes, à travers ces descriptions, c'est l'odeur de la terre d'Afrique que j'ai respirée à pleins poumons ; c'est le souffle du vent chaud et le picotement du sable qu'il transporte que j'ai sentis sur ma peau ; ce sont les plaines éblouies de soleil, les couleurs vives des boubous qui ont frappé mes yeux. C'est le clapotis du fleuve Sénégal sur les rives, ou les chants des femmes sur ses bords que j'ai entendus.
Tout en moi fut transporté dans cette terre du Mali le temps de cette lecture.
un beau livre sur l'Afrique
Critique de Agded (vincennes, Inscrite le 7 septembre 2005, 49 ans) - 11 octobre 2005
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