La pianiste de Elfriede Jelinek

La pianiste de Elfriede Jelinek
( Die Klavierspielerin)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Ulrich, le 9 janvier 2005 (avignon, Inscrit le 29 septembre 2004, 50 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 6 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (11 897ème position).
Visites : 6 476  (depuis Novembre 2007)

Laisser agir

L'écriture est scandée. Un rythme de batterie. Elle cingle et sans concession. Remarquable !
Elle sert admirablement l'histoire, celle d'Erika KOHUT. Insondable Erika qui doit affronter la mère, le désir et son absence... Les deux couples s'entrechoquent : Erika et sa mère ; Erika et Klemmer : la perversité, la souffrance, le sexe, la domination, l'amour, la quête de soi,... Voilà autant de thèmes magistralement abordés. L'ironie présente à chaque instant mais le trait presque un peu trop grossi. J'ai eu du mal à y croire. A l'image de Klemmer lorsqu'il lit la lettre ! Son premier sentiment est celui de l'impossible après,.... Ce livre est sans complexe! Le fruit d'une auteur torturée. Plus que jamais, laisser reposer me paraît indispensable. Réfléchir, revivre le tortueux parcours d'Erika, un autre était-il possible ? Je n'ai pas la réponse. Marquant, troublant, incitant à la réflexion. Ce n'est pas du prêt à penser alors si incitant qu'il est difficile de prendre dans la foulée un autre roman. Erika continue d'agir, je la laisse faire...

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Etouffant, épuisant

5 étoiles

Critique de Faby de Caparica (, Inscrite le 30 décembre 2017, 63 ans) - 5 octobre 2020

"La pianiste " d' Elfriede Jelinek ( 352p)
Ed Points

Bonjour les fous de lectures....
J'avais adoré le film où "la pianiste " était merveilleusement interprétée par Isabelle Huppert ( qui a reçu le César de la meilleur actrice)
J'ai été frustrée par le livre. (Prix Nobel 2004)
L'écriture est déroutante, voire dérangeante, rendant la lecture ardue et poussive. (traduction?)
Impossible de lire plus de quelques pages à la suite.
Erika a 36 ans et est phagocytée par sa mère.
Vie terne, refoulée et monotone dans laquelle viennent s’insérer de temps à autre des escapades dans les peep-shows, et les bois à des heures perdues.
Ayant une sexualité quasiment inexistante, elle ajoute à ce triste palmarès des séances d'automutilation.
Un de ses étudiant tombe fou amoureux d'elle.
Erika va réagir à sa manière .. de façon hautaine et perverse.
Voilà, niveau lecture j'ai trouvé cela atroce, gavant, étouffant (comme l'ambiance ), épuisant.
Pour une fois, je vous conseille vivement le film plutôt que cette lecture soporifique.
Certains lecteurs plus courageux que moi on classé ce livre parmi les chefs-d'oeuvre.
J'ose avouer avoir survolé certains passages.
Le débat est vaste.

Plutôt agaçant

7 étoiles

Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 4 août 2008

Me voilà fort ennuyée : les critiques précédentes sont unanimes et c’est en chœur qu’elles vantent les qualités de ce roman. Or, ce livre, je l’ai surtout trouvé … agaçant… tant au niveau du style (pesant, on sent le travail) qu’en ce qui concerne le scénario. Cette femme qui se laisse tyranniser par sa mère, qui retourne sa colère contre elle en se mutilant, eh bien, loin de compatir, j’ai eu envie de la secouer. Le chassé-croisé entre elle et Klemmer ne me semble pas crédible.

Absence de dialogue, phrases courtes, lourdeur, personnages auxquels je n’ai pas adhéré. Mais à côté de ça, une tension continue et un style (que je n’ai pas aimé, mais on ne peut nier qu’elle ait du style) particulier… Et donc je suis partagée… Pour trancher, il me faudra lire un autre Jelinek !

Composition pour touches noires

10 étoiles

Critique de Mieke Maaike (Bruxelles, Inscrite le 26 juillet 2005, 51 ans) - 29 août 2006

« La nuit, Erika rôtit sur le tournebroche de la colère au-dessus des braises de l’amour maternel. Régulièrement arrosée par le jus de cuisson exquis de l’art musical. »

Dans un style déroutant, taillé au burin et au marteau, Jelinek nous livre l’histoire de cette Erika, asséchée, réduite à l’état d’objet entre les griffes d’une mère qui rêvait pour elle de gloire musicale mais qui doit se contenter de son statut de professeur de piano : « Avec le concours de sa mère, ce système de grilles l’a ficelée dans un filet indéchiffrable de prescriptions, d’ordonnances, de commandements précis, telle un jambon désossé bien rose au crochet d’un charcutier ». Erika s’évade dans une sexualité que d’aucun considérerait comme perverse, s’inflige tant au corps qu’à l’âme des actes d’autodestruction, et pourtant rêve au grand Amour qui se présente à elle sous les traits d’un de ses jeunes élèves.

Au-delà de la description de ces personnages radicaux, l’auteure émet une critique acerbe du sexe, mais aussi de la grande musique, véritable institution de Vienne, dont elle a manifestement une excellente maîtrise.

Un livre très particulier, à l’écriture féroce et acérée, mais qui vaut incontestablement le détour.

Les désirs d'une femme cloîtrée

9 étoiles

Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 9 avril 2006

Les mères castratrices provoquent des dérèglements chez leurs enfants : aussi Ulrika Kohüt, Professeur de piano de renom à Vienne, qui vit toujours avec sa mère, connaît nombre de désirs refoulés. De plus, elle se montre hautaine, méprisante et particulièrement exigeante avec ses élèves, et parfois sadique, comme le montre une scène édifiante de sévices avec du verre pilé. Ses frustrations et désirs la mènent de temps en temps à des peep-shows et à se mutiler à un endroit des plus curieux.
Puis, elle rencontre Klemmer, qui devient fou amoureux d'elle, finit par lui avouer et par mesurer la détresse, vertigineuse, de son Professeur. Ils se séparent, et les conclusions finissent par être assez fatales pour le personnage principal

Ce livre a été couronné par le Prix Nobel de littérature.

Le style est sec, concis, et d'autant plus fort et violent, vu le sujet. Personnellement, je plains le personnage plus qu'il ne me choque, malgré les péripéties que cette dame nous fait vivre, en même temps qu'elle se les fait subir. Ce livre est une sorte de thriller psychologique : on sait d'avance que la relation entre les personnages ne retombera pas sur ses pieds, si bien qu'on craint le pire à chaque instant, ce qui permet d'agréablement amortir le choc.
C'est donc un livre pour adultes et adolescents, sans davantage de réserves. Il est très bon pour les raisons susmentionnées.

J'avais d'abord vu le film au printemps 2001, de l'Autrichien Michaël Haneke, avec Isabelle Huppert et Benoît Magimel, ainsi qu'Annie Girardeau, dans le rôle de la mère. Il a obtenu les palmes du meilleur scénario et des meilleurs acteurs principaux.
Le film est plus dur, car on sens moins le coup venir. Heureusement, prévenu par les critiques, j'ai réussi le prendre au deuxième degré, trop, vraisemblablement, car j'ai réussi à en rire, et visiblement j'étais le seul. J'étais dans un coin : personne ne m'a vu, ouf. J'ai passé un bon moment à double titre : psychologiquement, le film est bon, car il y a encore plus de suspense. En effet, le scénario, contrairement au livre, balise moins dès le départ les données de l'intrigue ; d'autre part, il y a moyen d'ironiser les personnages. Pour ces raisons, je pense que le livre est plus accessible que le film. Il faut dire qu'il me semble que les images semblent plus violentes que les mots, car l'imagination permet d'édulcorer ce que la vision rend plus cru.

Un bon livre, poignant. Si vous tenez le choc, vous pouvez voir le film ensuite.
J'ai bien aimé les deux.

Roman secouant

10 étoiles

Critique de Orée du bois (Lyon, Inscrite le 30 août 2005, 59 ans) - 4 octobre 2005

J'ai connu Elfried Jelinek au travers de La pianiste, et c'est d'après moi son meilleur roman.
Son langage, d'abord... je n'ai jamais lu pareille écriture, ça se répète, ça reprend, ça insiste, parfois même ça agace, on suffoque, il nous faut un temps d'adaptation, ça fait penser au langage d'une adolescente revancharde et moqueuse qu'on aurait mise en cage.
J'ai aimé l'histoire d'Erika, vieille fille étouffée, ligotée sous des airs trompeurs de "professeur rangé". Cette vie de femme avortée m'a tiré les larmes.

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