Le roi du comique couscous merguez

Ah, Philippe Clair. Ce nom m'évoque des comédies qui passaient sur feu la 5 de Silvio Berlusconi à la fin des années 80/début 90. Comme tant de réalisateurs comiques, il aura connu son âge d'or dans les années 70/80 avant de tomber dans l'oubli dans les années 90/2000 comme George Lautner, Édouard Molinaro...

Mais grâce à la magie d'internet, des sites comme Nanarland ont entrepris une réhabilitation de Philippe Clair. Des fans ayant vu ses films sur internet (vu qu'ils ne sortent pas en DVD du moins jusqu'à très récemment) ont commencé à le suivre sur les réseaux sociaux où il y a été actif jusqu'à son décès en 2020.

Le bonhomme avait déjà sorti son autobiographie en 2014 "Quel métier étrange". Authentique mais vrai ! est un livre d'entretiens entre Clair et un journaliste, Gilles Botineau, fan de son œuvre. La vie personnelle de Philippe Clair n'est pas du tout abordée : il l'a déjà fait lui-même dans ses mémoires. Botineau prend chaque film les uns après les autres et interroge le réalisateur dessus.

Même si on n'est pas fan de ses comédies, c'est un pan du cinéma français des années 70/80 qui se dévoile. Philippe Clair est enthousiaste, généreux, passionné. Il ne cherchait qu'à faire rire à travers ses films.

Mais on le sent également meurtri d'être tombé dans l'oubli durant les trente dernières années de sa vie. Qu'on l'ait empêché de faire son métier. D'être mis dans le même sac que des Max Pécas, Christian Gion, Michel Gérard qui lui ont tout pompé. C'est même assez violent quand il dit qu'il regrette sa carrière. Qu'il aurait préféré faire autre chose. Peut-être aurait-il dû se concentrer sur le théâtre et le music-hall ?

Impossible de ne pas sourire devant toutes ces anecdotes. Car Philippe Clair, ce sont seize films réalisés entre 1964 et 1989 avec des échecs, des bides, des rencontres, des brouilles. Il a donc de quoi raconter. Aldo Maccione qui était ingérable. Les Charlots qu'il a lancés dans La Grande Java avec qui il devait faire plusieurs films mais qui ont préféré aller tourner avec Claude Zidi. Annie Girardot. Michel Galabru. Sim. Jacques Dufilho. Jerry Lewis.

Tout ce qu'il raconte est vrai. Maintenant, quand je lis que De Funès voulait tourner avec lui, qu'il avait un projet avec Belmondo (qu'il avait connu au Conservatoire), que Leone était d'accord pour produire un western parodique que Clair aurait réalisé... Bon. Ce n'est pas la modestie qui l'étouffe non plus. Mais il est tellement sympathique. Ses films sont tellement mauvais qu'ils en deviennent drôles. Son entrain à faire des films est communicatif. Il ne méritait pas de finir comme ça.

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  Authentique mais vrai !

  de Clair, Philippe Botineau, Gilles
  Christian Navarro Éditions
  ISBN : 9782490058167 ; 31/03/2021 ; 234 p.