La grande histoire vue de la mer
de Christian Buchet

critiqué par Colen8, le 10 avril 2025
( - 83 ans)


La note:  étoiles
« La mer moteur de l’Histoire »
Le projet Océanides(1) éclaire d’un œil neuf l’histoire mondiale. Penser l’évolution chronologique depuis la mer(2), considérer les opportunités du cabotage(3) pour comprendre l’origine d’anciens peuplements renverse complètement les idées communément admises à ce sujet. Milieu fluide ouvert aux échanges sans frontière la mer expliquerait la naissance d’empires visionnaires.
Avant les autres ces derniers ont su asseoir une domination plus facile grâce à leurs flottes combinées à la maîtrise de la navigation. La sécurité offerte par les voies maritimes et fluviales leur ayant permis d’entretenir un commerce lointain et juteux aurait enclenché un cycle vertueux d’enrichissement et de puissance plus durable que les conflits et guerres de conquêtes terrestres.
L’exemple britannique des temps modernes est à ce titre l’un des plus significatifs. Une révolution agricole précoce ayant dégagé les bras vers le développement industriel, ses échanges maritimes avec les Provinces-Unies et le Portugal ont contribué à leurs spécialisations dans des productions nationales à forte valeur, sans se priver d’acheter ailleurs les céréales et le reste à moindres coûts.
Et la France ? L’appel du large souvent en pointillé n’a pas suscité le même opportunisme chez ses marins, ni chez ses rois, empereurs puis gouvernements républicains. Les conquêtes des Amériques et d’ailleurs ont été infiniment moins suivies des vagues migrantes par millions observées chez ses voisins européens. Pour autant elle ne manque ni d’atouts ni de compétences pour en tirer profit.
La synthèse de ce projet largement en faveur du libre-échange donne des arguments de poids contre la tentation du repli protectionnisme à l’œuvre en ce temps-ci. Les ressources de la mer sont là pour être mieux exploitées dans le respect de l’environnement. Elles peuvent ramener de l’optimisme si l’on parvient à éviter les écueils d’une économie mondiale financiarisée à l’excès.
La leçon de ce superbe album à feuilleter sans modération tient en ces mots : « qui tient la mer tient la terre, de conflit en conflit c’est toujours le pays ou l’alliance qui dispose de la maîtrise des flux maritimes qui l’emporte… »
(1) https://meretmarine.com/fr/histoire-navale/…
(2) Qui représente 70% de la surface de la planète
(3) Pratique attestée depuis au moins 50 000 ans