Il nous a aimés - Encyclique: Lettre encyclique sur l'amour humain et divin du Coeur de Jésus-Christ
de Pape Francois

critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 13 avril 2025
(Ottignies - 89 ans)


La note:  étoiles
L’espérance d’une humanité nouvelle.
Cette dernière encyclique du Pape François – elle date de novembre 24 – est une encyclique très théologique et elle est parfois un peu difficile de lecture. Elle explique l’amour de Dieu pour l’humanité qui est symbolisé par l’image du Sacré-Cœur de Jésus. Le pape fait d’abord appel à beaucoup de textes littéraires, de Homère à Dostoïevski, pour nous montrer l’importance du cœur, symbole de l’amour des uns pour les autres. Ensuite il en voit la preuve dans les textes sacrés, particulièrement dans la Bible dont il explique très longuement de très nombreux passages.

Il nous explique l’importance de bien comprendre l’image qui représente le Sacré-Cœur de Jésus en insistant sur le fait qu’on n'adore pas une image comme le font les païens, mais que l’image concentre notre esprit pour découvrir l’amour infini de Dieu, inséparable de son amour humain.
Tout ça est très bien dit et certains textes de la Bible qui sont de compréhension difficile, sont très clairement expliqués, ce qui, à mon avis, est d’un grand intérêt pour tous les lecteurs.

Le pape nous met ensuite en garde contre la pratique du culte religieux sans en comprendre le sens et contre « la forte avancée de la sécularisation qui aspire à un monde libéré de Dieu ». Il condamne aussi « le faux mysticisme » de certaines élites qui placent Dieu tellement haut et distant qu’il en devient inaccessible à la piété populaire. Il s’insurge encore contre les organisations pastorales qui se concentrent sur des activités mondaines, sécularisées et dépourvues d’Évangile. On sent que le pape a à cœur de laisser après lui une Église beaucoup plus aimante, populaire et plus accessible aux vertus essentielles du christianisme. Mais je pense que ces mises en garde concernent d’abord le clergé plutôt que les fidèles.

Au chapitre IV, qui est le plus long, le Pape en revient à l’explication des textes de l’Ancien et du Nouveau Testament qui racontent « le long cheminement du Peuple de Dieu ». Ce chapitre, assurément, s’adresse aux fidèles mais aussi à tous ceux, non croyants, qui voudraient approfondir leur culture générale. Il est d’une lecture agréable et facile à comprendre. Dans ce chapitre il cite encore de très nombreux textes des Pères de l’Église et d’autres théologiens qui ont enrichi nos connaissances de la religion. Et on est stupéfait de voir l’étendue des connaissances livresque du saint Père qui, pourtant, a la réputation d’être «  un homme de terrain ».

Dans ce chapitre, il dit aussi son admiration pour Charles de Foucauld dont il donne une brève biographie, et pour sainte Thérèse de l’Enfant Jésus dont il donne un très beau poème et de nombreux textes avec beaucoup d’explications ; on sent qu’il a pour « la petite Thérèse » une véritable dévotion. Et puis il n’oublie pas qu’il est jésuite et nous parle longuement de saint Ignace de Loyola et d’autres saints de sa congrégation.
La finale de ce chapitre nous donne les conclusions à tirer de ces vies de saints et ça devient de nouveau de la haute théologie plus difficile à comprendre pour le commun des mortels ; dans cette finale on retrouve aussi, malheureusement, le style un peu ampoulé des encycliques traditionnelles.

Dans le dernier chapitre, le pape, qui visiblement aime bien l’Histoire, nous raconte comment les premiers chrétiens se sont fait apprécier dans l’Empire romain par leur sens du partage et de la solidarité envers les plus faibles. Il souhaite que les chrétiens d’aujourd’hui en reviennent à ces pratiques et, de nouveau, il nous cite une quantité incroyable de saints qui nous ont donnés l’exemple de la solidarité, du partage et du respect des plus faibles et des plus démunis.
Et dans sa conclusion le pape nous rappelle, comme il l’avait développé dans son encyclique précédente : « Fratelli tutti » ( Tous frères ), que seul le sens des autres, le partage des biens, le respect du plus faible rendra possible une humanité nouvelle.

Si cette encyclique n’est pas, à mon humble avis, et sauf respect, aussi bien que la précédente, Fratelli Tutti, on y voit, une fois de plus, sa très haute connaissance de la théologie. On y voit aussi son extraordinaire érudition et son incroyable talent à faire passer ses convictions. Elle n’est pas toujours de lecture facile mais son élévation de pensée est en tous points absolument remarquable. C’est probablement la dernière encyclique du saint Père et on sent qu’il veut laisser après lui une Église plus populaire, plus accessible, plus proche des gens et surtout plus exemplaire dans l’exercice de la charité chrétienne.