Nos coeurs déracinés
de Marie Drucker

critiqué par Veneziano, le 13 avril 2025
(Paris - 47 ans)


La note:  étoiles
Réflexions sur la Shoah et les déportations familiales
Cette journaliste de renom décide d'analyser pourquoi le thème de la Shoah reste à son esprit comme une antienne lancinante. Sa famille a connu des déportations, avec son lot de secrets et de douleurs, qu'il faut apprendre à démêler et comprendre. De surcroît, le sujet revêt une importance sans cesse renouvelée dans l'histoire nationale, via le massacre du 7 octobre 2023 et les législatives anticipées de 2024, aux étranges relents.
Ces élément l'amènent à décortiquer comment le phénomène a été abordé depuis la Libération et comment il a été traité par les autorités pendant l'Occupation, avec des illustrations concrètes, en sus des explications historiques, les histoires familiale et nationale se faisant écho dans cet essai.
Il en ressort qu'une forme de traumatisme demeure et que l'irrationnel empêche de nouveau de concevoir l'avenir proche de manière sereine. A cela, l'auteure conclut qu'elle croit "aux sciences humaines, à la littérature, au cinéma comme valeurs refuges et échappatoires" et que, malheureusement, "c'est vers la télévision et les réseaux sociaux que nous nous tournons par paresse, avec l'illusion qu'ils nous permettent de faire corps alors qu'ils ne font qu'amplifier nos solitudes et le vacarme d'un monde anxiogène". J'adhère tout à fait à cette analyse et à cette philosophie. Si ma famille a connu le même type d'expérience, il faut noter que la place de l'écrit est importante pour les habitués de ce site de critiques littéraires.
Voilà un livre clair et humble, limpide et utile, à méditer donc.