Apprivoiser son ombre: Le côté mal aimé de soi de Jean Monbourquette
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Psychologie

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L'ombre, ce moi oublié à redécouvrir et à faire soi
L’Ombre est un concept psychanalytique jungien, qui correspond au Ça freudien. Je ne me hasarderai pas à expliquer la différence entre les deux qui doit être subtile et que pourront dépareiller les véritables initiés à cette science de l’âme qu’est la psychanalyse.
Pour ma part, je me contenterai d’en restituer ce que j’en ai lu, appris, compris, d’après le livre de Jean Monbourquette, qui traite de ce sujet.
Un mot d’abord sur l’auteur. Il était prêtre au Québec et avait suivi des études de psychologie jungienne aux États-Unis. Il a fondé des groupes de paroles pour couples en difficultés. Il est l’auteur de plusieurs livres de psychologie et de religion. La 4ème de couverture indique « qu’il a été l’un des pionniers du dialogue entre foi chrétienne, spiritualité et psychologie ». Il est mort à Ottawa en août 2011. Ses livres continuent d’être vendus et celui dont je vais en faire la critique constituerait l’un de ses best-sellers.
Venons-en à ce dernier. Son titre « Apprivoiser son ombre » est quelque peu intrigant. Il m’a interpellé car j’ai appris ce qu’était l’Ombre dans de précédentes lectures et donc « apprivoiser » l’Ombre ne pouvait que m’intéresser.
Mais qu’est-ce que l’Ombre déjà ? Le sous-titre du livre fournit déjà un indice : « Le côté mal aimé de soi ». De fait, l’Ombre est cet espace psychologique inconscient, où chacun, à des degrés divers et selon des proportions personnelles, refoule tout ce qu’il ne veut pas savoir ou ne pas croire de soi-même et le processus du refoulement même est inconscient. Ainsi, ce qu’une personne décide de refouler ne le fait pas de façon consciente, et ce qu’il conserve comme refoulement n’est pas non plus conscient. C’est le Ça pour Freud et l’Ombre pour Jung.
Moubourquette était adepte de la doctrine de Jung, donc nous parlerons ici de l’Ombre selon la terminologie de Jung. Et donc, l’Ombre est cet espace inconscient du psychisme où se retrouvent « stockés » tous les jugements, qu’ils viennent de soi ou des autres et en premier lieu de ceux de ses parents, qui ont été vus comme « mauvais » pour soi, comme nécessaire à écarter (à refouler) pour son équilibre social et/ou familial. C’est ce qui s’appelle « le côté mal aimé de soi ».
Mais ce n’est pas parce qu’il y a refoulement qu’il y a disparition. C’est comme la poussière qu’on met sous le tapis en espérant qu’on n’y fera plus attention et qu’il disparaîtra tout seul, comme si cette poussière n’avait jamais existé. Mais la poussière ne disparaît pas comme par magie, et reste sous le tapis, jusqu’à ce qu’un jour on le redécouvre (ou pas). Pour l’Ombre, c’est la même chose. Elle reste présente, conserve tous nos refoulements, et reste agissante à notre insu, pouvant causer mal-être, déprime, dépression, perversions, maladies, violences, etc. L’Ombre, comprimé dans l’inconscient si l’on peut dire, peut se trouver une voie d’issue pour exister en se manifestant dans des projections sur les autres, où l’autre se retrouve chargé de sa propre part obscure, qui est niée et refusée par celui qui projette, et amenant ainsi des drames divers, tels que divorces, harcèlements, agressions, manipulations, etc. Ainsi telle personne croyant détester une autre ne fait plaquer sur celle-ci sa propre détestation d’une partie de lui-même qu’elle transfère sur l’autre personne. C’est donc un phénomène psychologique qui a un grand retentissement sur la société, puisque tout le monde, peu ou prou, fait des projections sur les uns et les autres. Heureusement, on arrive quand même à vivre en société malgré cela. Mais combien de fausses situations et de drames pourraient être évités si on pouvait faire cesser ses projections, c’est-à-dire en prendre conscience et les récupérer à soi-même en les reconnaissant siennes au lieu d’en accuser les autres. Et c’est ce qui s’appelle « Apprivoiser son Ombre ».
Comment faire ? L’auteur propose plusieurs stratégies différentes pour cela. Dialoguer avec son ombre, personnaliser son ombre et s’en faire une amie, retrouver en soi l’enfant blessé, s’identifier à ses projections, etc. Je ne vais pas les détailler toutes ici, lisez plutôt le livre pour le découvrir, il en vaut la peine et personnellement j’ai été convaincu que l’Ombre existe bel et bien et qu’il est de la responsabilité de chacun de s’en occuper (ou pas si on n’en a pas le désir) dès lors qu’on en comprend la réalité.
L’auteur tire de son expérience personnelle des situations vécues par lui-même et par d’autres de ses patients pour appuyer son propos, toujours très pertinentes et intéressantes. L’Ombre, une entité psychologique personnelle à explorer pour en réduire l’influence néfaste, à réintégrer à sa conscience qui s’en trouvera enrichie et augmentée.
Les éditions
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Apprivoiser son ombre [Texte imprimé], le côté mal aimé de soi Jean Monbourquette
de Monbourquette, Jean
Points / Points. Vivre
ISBN : 9782757852040 ; 8,70 € ; 27/08/2015 ; 240 p. ; Poche
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