Chants d'ombre: suivi de Hosties noires de Léopold Sédar Senghor

Chants d'ombre: suivi de Hosties noires de Léopold Sédar Senghor

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie , Littérature => Africaine , Littérature => Francophone

Critiqué par Pucksimberg, le 11 mai 2025 (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 45 ans)
La note : 10 étoiles
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Eloges de l'Afrique dans des poèmes lumineux et forts

« Chants d’ombre » est un recueil de poèmes qui redonne de la gloire à cette Afrique longtemps considérée comme inintéressante et sans passé. Ecrit avant l’indépendance du Sénégal, Senghor fait voyager le lecteur dans son pays natal, au milieu de la brousse et des paysages qu’il connaît bien, au contact des habitants animistes et aux croyances différentes des nôtres. Il évoque aussi les Royaumes du Sénégal desquels nous ne sommes pas familiers. On se prend à rêver à imaginer ces Rois et ces figures historiques qui font partie de l’histoire de ce pays. Les femmes sont aussi très présentes et majestueuses et le poème qui leur est consacré est magnifique.

Dans « Hosties noires », le poète redonne de l’importance aux Sénégalais qui ont combattu pour nous durant la guerre. Les tirailleurs sont souvent évoqués et le poète les remercie et leur confère de la grandeur. Il reconnaît que les Français ne leur ont pas accordé la reconnaissance qu’ils auraient dû avoir. On ressent parfois une certaine colère ourdie face à la déception de notre comportement. Le poète s’adresse à eux et emploie un lexique valorisant pour les décrire et rétablir la vérité. C’est aussi une façon de les immortaliser par les mots.

Les poèmes de Senghor sont beaux et possèdent une force incroyable. Le choix du vocabulaire et l’emploi de certains termes africains contribuent au voyage. Ce sont des tableaux qui s’ouvrent devant nous avec leur part d’ombre et leur beauté. Tout n’est pas forcément limpide mais la traversée de ces deux recueils est magnifique. Par ces poèmes, il s’émancipe des discours colonialistes et donne sa vision du Sénégal, de ses habitants et des paysages. Même la couleur noire qui est souvent rattachée à la mort en Occident devient source de vie dans ses poèmes. Il montre aussi les dégâts de la colonisation et le caractère destructeur de celle-ci à tous les niveaux. Avec Aimé Césaire, ils conçoivent le concept de négritude et ces voix noires redonnent de sa superbe à ce continent.

Senghor possède une langue innovante et modernise la poésie. Il emploie des versets qui permettent de donner plus d’amplitude à ses évocations. Il a forgé son propre réseau d’images sans doute hérité de sa culture sénégalaise. Ses « chants » ont presque un caractère sacré comme si une divinité s’exprimait et engendrait des mythes fondateurs qui montreraient le chemin aux auteurs qui s’inscriraient dans sa continuité, à la façon du poète démiurge. De la même façon, ses « hosties noires » semblent être des figures sacrificielles, ce qui ne peut que susciter l’admiration du lecteur pour ces tirailleurs sénégalais.

Ces deux recueils aux multiples images évocatrices sont magnifiques. Ils possèdent la capacité de changer notre regard sur un sujet, sur des hommes et sur le passé d’un pays. Il y a aussi un côté libérateur et salutaire dans ces poèmes qui s’affirment en un langage de vérité.

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