Il était une fois l'inspecteur Chen
de Xiaolong Qiu

critiqué par Tistou, le 14 mai 2025
( - 68 ans)


La note:  étoiles
Opus n°10 de la série inspecteur Chen
Précisons d’abord que Qiu Xialong, né à Shangaï, vit depuis 1988 à Saint-Louis (Missouri) après avoir vu son père victime des Gardes Rouges pendant la Révolution Culturelle. Les évènements de Tian Anmen l’ont convaincu de ne pas rentrer à Shangaï. Il a donc, vivant hors de Chine, une certaine liberté de parole vis-à-vis de son pays de naissance.
Pour autant, si ses constats sont lucides, il est modérément critique sur l’attitude des dirigeants en place. La corruption est quand même une de ses cibles, ainsi que le népotisme et l’arbitraire.
Opus 10 mais pas vraiment en fait. C’est plutôt une espèce de « prequel » de la série, Qiu Xiaolong souhaitant manifestement faire le point sur ce qui a fondé la personnalité de son héros, l’inspecteur Cao Chen, et son début en carrière de policier. On soupçonne que c’est aussi une espèce de relation sur ce qu’il a subi jeune, lui et son père, du temps des dénonciations de masse et des « confessions publiques » ; le « bon temps » de la Révolution Culturelle.
De fait c’est très décousu et ne prend pas la consistance d’un roman mais plutôt l’agrégation de chapitres, parfois indépendants les uns des autres. Mais en même temps, ce sont des clés intéressantes, à la fois sur ce qui a fondé la personnalité de l’inspecteur Chen mais aussi, j’en suis persuadé, des éléments autobiographiques de la prime jeunesse de l’auteur.
Il y a également la rencontre et l’idylle avec Ling, à Pékin, Ling fille d’un ponte du Parti dont il sera question dans plusieurs épisodes.
Et puis la première enquête de Chen, ou comment un poète – et qui se considère comme tel – assume le choix qui a été fait pour lui par le Parti d’entrer dans la police. On en apprend également davantage sur le secrétaire du Parti Li, son mentor dont il sera beaucoup question dans la plupart des épisodes de la série.

»… fraîchement diplômé de l’université de langues étrangères de Pékin, Chen fut finalement fixé sur son sort. Son dossier avait d’abord été envoyé au ministère des Affaires étrangères et il envisageait une carrière diplomatique, non pas comme un idéal, mais comme une option acceptable, quand l’intervention inattendue d’un « oncle d’Amérique » pendant la sélection avait définitivement ruiné ses chances. Mais comme dit le proverbe, « il n’y a pas d’histoire sans hasard ». Ecarté d’une position en vue au ministère, il avait été recommandé pour un poste moins sensible qui venait de s’ouvrir dans un commissariat à Shanghai.
L’attribution des emplois par l’Etat étant perçue comme un avantage du système socialiste, les jeunes avaient depuis longtemps renoncé à choisir par eux-mêmes … »


Et puis l’ouvrage se termine avec un chapitre intitulé Fragment autobiographique qui dit bien ce qu’il veut dire …
Décousu, très décousu tout cela. En même temps passionnant pour qui s’est pris d’intérêt pour l’inspecteur Chen, l’auteur Qiu Xiaolong et ses propos sur la réalité de la Chine moderne, mais je ne recommanderais pas cet ouvrage pour une prise de contact avec Qiu Xiaolong et l’inspecteur Chen.