Le Jacassin
de Pierre Daninos

critiqué par CC.RIDER, le 14 mai 2025
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Un dictionnaire des idées reçues
Les idées reçues sont légions, remarque Daninos : le Grec est tricheur, l'Anglais hypocrite, l'Américain un grand enfant, l'Allemand querelleur, le Polonais toujours ivre, le Russe insondable, le Chinois indéchiffrable, l'Argentin noceur, l'Espagnol fier, l'Arabe paresseux, le Suisse lent, le Hollandais lourd, l'Italien versatile et le Juif, juif… Et en France même, ce n'est guère mieux : le Breton est têtu, le Corse vindicatif, le Marseillais galégeur, le Lyonnais renfermé, le Bordelais snob, etc… Quant au politicien il est pourri, l'instituteur communiste, l'avocat véreux, le financier requin, le commerçant voleur, le magistrat corrompu, l'ouvrier haineux, le patron égoïste, le médecin charlatan, le percepteur insatiable, etc. Que n'entend-on pas au moindre dîner familial ou au café du Commerce ?
« Le Jacassin » est un recueil amusant d'idées reçues, de poncifs, et autres truismes plus ou moins marqué au sceau du gros bon sens voire d'une certaine mauvaise foi. Le lecteur rira ou sourira beaucoup à la lecture de cet ouvrage ancien (datant de 1962), mais toujours amusant et encore d'actualité, la sottise, la courte vue étant toujours aussi présentes aujourd'hui si ce n'est plus qu'à l'époque et les clichés, les idées toutes faites, le prêt-à-penser guère différents. À croire que l'on a affaire à une sorte de sagesse immanente. L'auteur prend comme point de départ un repas familial, « le Déjeuner de Saumur » au cours duquel il a droit à un festival de clichés et poncifs assénés par oncles, tantes, parents et grand-parents alors qu'il est encore enfant. Il analyse ensuite les particularités du langage courant en associant un certain nombre de substantifs à leurs adjectifs les plus usités. Le résultat est assez amusant. Puis il propose une sorte de dictionnaire qui reprend souvent les mêmes thèmes mais avec cette fois une définition ou un commentaire. Exemples : « Servante : toujours accorte dans les feuilletons » ou « Service militaire : période pendant laquelle on mange mal mais qui nourrit la conversation pour la vie ». Un charmant ouvrage qui se dévore en un rien de temps et auquel on peut encore et toujours se référer, ne serait-ce que pour une définition impertinente de mots.