Les syndicats de l'Éducation nationale: Des acteurs en mutation de Ismaïl Ferhat
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Histoire , Sciences humaines et exactes => Economie, politique, sociologie et actualités , Sciences humaines et exactes => Essais

Visites : 83
Implication syndicale dans l'Éducation nationale
Ismaël Ferhat a mené une enquête durant l’année scolaire 2022-2023 auprès de 1 025 syndicalistes actifs appartenant à des syndicats de l’éducation. L’ensemble des syndicats de l’éducation est plus large que le groupe des syndicats enseignants. Ainsi à ce dernier ensemble, on se doit de rajouter par exemple le Syndicat de l’inspection de l’Éducation nationale (SIEN-UNSA), le Syndicat national de direction des personnels de direction de l’’Éducation nationale (SNPDEN-UNSA) ou A&I-UNSA qui syndique les administratifs. Ont répondu des militants en responsabilité de la FSU, de l’UNSA, de la CFDT Éducation, de la CGT, de la CGT et de la CGE ; l’absence totale de réponses est venue du SNALC et de Force ouvrière. Cependant l’auteur s’est aussi appuyé sur des publications produites par toutes les forces syndicales citées et sur des entretiens notamment avec Luc Bentz (qui fut secrétaire national de l'UNSA Éducation) et Jean-Marc Bœuf (secrétaire général de A&I).
Deux premières particularités ressortent pour l’UNSA, la première est que la proportion des voix qu’elle a dans les instantes représentatives provient toujours pour plus de 40% de non-enseignants, alors que de ce public CGT et CFDT reçoivent autour de 30% et que les autres syndicats n’ont que de 5 à 10% de suffrages. Une autre caractéristique est que les militants UNSA sont ceux qui croient le plus à l’efficacité de l’action syndicale.
Sur une échelle de 1 à 10 partant de la gauche et allant vers la droite, les militants de SUD distancent considérablement ceux de la CGT et de la FSU alors que les membres de la CFDT et de l’UNSA ont un positionnement très dispersé, reflet d’un pluralisme conséquent tandis que les adhérents de la CFTC et de la CGC ont une situation assez médiane sur ce baromètre. Les positions des centrales syndicales par rapport à la décentralisation sont très diversifiées, Force ouvrière le SNALC lui sont de loin les plus hostiles sur ce point alors que la CFDT est très nettement la plus favorablement ouverte à la décentralisation éducative.
Le dernier chapitre traite du rapport à la laïcité des syndicats de l’éducation nationale. Il est rappelé que la création du Comité national d’action laïque date de 1953, et que sur ces cinq composantes, deux sont syndicales à savoir le Syndicat national des instituteurs et la Fédération de l’éducation nationale. Toujours actif au XXIe siècle, il a vu logiquement le SE-UNSA prendre la place du SNI et l’UNSA celle de la FEN. Dans le passé, ont heurté le CNAL de nombreuses lois favorisant l’enseignement privé dont évidemment en 1959 la loi Debré et la tentative de François Bayrou (alors ministre de l’Éducation nationale) pour un financement accru des collectivités locales dans l’enseignement privé.
À partir de 1989, se pose en plus la question de la manifestation de la foi musulmane et marginalement sikh dans les établissements scolaires publics. Le syndicat des chefs d’établissements au sein de l’UNSA est le fer de lance des idées portées par le texte du 15 janvier 2004 sur l’interdiction des signes montrant ostensiblement une appartenance religieuse, il est alors fortement appuyé par A&I-UNSA (majoritaire dans les personnels administratifs et d’intendance), le SNALC et le SNET-AA. Au Conseil supérieur de l’éducation toutes les autres organisations syndicales sont dans l’abstention et le refus de vote, aucune n’allant contre. Les dirigeants du SNES ont fait parfois entre eux le grand écart sur la question ; d’ailleurs la FSU et le SGEN avaient signé une tribune hostile à la loi. SUD Éducation n’est pas représentée alors dans l’instance en question mais on sait son opposition radicale à ce texte. Alors que les militants de l’UNSA sont ceux qui indiquent leur plus fort attachement au concept de laïcité, ils sont un peu moins réservés au financement de l’école privée que les adhérents de SUD, de la FSU et de la CGT Éducation. Par ailleurs les répondants CGC, CFDT et CTFC sont ceux qui marquent le moins d’hostilité à cette disposition. Il est bon de rappeler ici que personne de FO et du SNALC n’a répondu.
Dans l’ouvrage Les syndicats de l’éducation nationale, on note que: « Le militantisme syndical de l’Éducation nationale possède des caractéristiques affirmées. Celles-ci peuvent être déclinées en trois aspects cruciaux. Le premier est un vieillissement plus marqué que la moyenne de son champ de syndicalisation. Le deuxième est celui d’un niveau de diplomation très élevé. La troisième caractéristique est celle de la domination de trajectoires professionnelles stables et relativement rectilignes » (page 84).
René Mouriaux a avancé qu’en matière de syndicalisme « s’affrontent quatre grandes conceptions, bridées par les contraintes de la conjonction politique, économique et sociale, un syndicalisme d’amélioration quotidienne, un syndicalisme de concertation, un syndicalisme de transformation et un syndicalisme de rupture ». D’après notre opinion personnelle, SUD relève de la dernière caractéristique, FSU, CGT et UNSA cumulent les trois premières qualités alors que les autres syndicats remplissent essentiellement la première tâche, ne pesant plus guère que sur la première, vu notamment leur représentativité et peut-être le peu d'ambition de leur projet (même si le SGEN a rempli à certaines époques plusieurs cases). Selon nous FO relève d’un syndicalisme d’antagonisme.
Les éditions
-
Les syndicats de l'Éducation nationale: Des acteurs en mutation
de Ferhat, Ismaïl
PUF
ISBN : 9782130837350 ; 18,00 € ; 26/02/2025 ; 198 p. ; Broché
Les livres liés
Pas de série ou de livres liés. Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série
Forums: Les syndicats de l'Éducation nationale: Des acteurs en mutation
Il n'y a pas encore de discussion autour de "Les syndicats de l'Éducation nationale: Des acteurs en mutation".