L'américanisation des indiens

Walter Littelmoon est un descendant des indiens lakotas qui ont représenté les Amérindiens des Etats-Unis lors de la Foire internationale de Bruxelles de 1935. Dans un ouvrage édité chez le même éditeur, Philippe Fiévet raconte comment un Belge, un certain Franck, a débuté une collection d’objets amérindiens en achetant tout ce que ces indiens avaient vendu à un brocanteur après la fin de la Foire internationale pour payer leur voyage de retour. Cette collection est désormais l’une des plus importantes du monde et Franck a parcouru de nombreuses fois l’Amérique pour l’enrichir et lui donner un sens. Au cours de ces pérégrinations américaines, il a rencontré Walter Littelmoon et l’a incité à publier le récit qu’il avait écrit sur son peuple, sa famille et lui-même pour guérir du stress post-traumatique complexe dont il a souffert pendant de nombreuses années après avoir subi les sévices de l’éducation américaine.

Walter a raconté son histoire et celle de son peuple, sa femme, Jane Ridgway, l’a écrit car il ne maitrise pas suffisamment l’anglais pour rédiger un ouvrage destiné à être publié. Il a commencé ce récit en puisant dans celui que son arrière-grand-mère a laissé alors qu’elle avait déjà quatre-vingt-douze ans. Elle racontait notamment la destruction du peuple cheyenne dont elle était issue avant d’épouser l’ancêtre de Walter, un Lakota de la nation Sioux. Elle a raconté les guerres, les déplacements, les exécutions, les massacres, les confinements, les privations, la famine, le froid… Walter complète ce récit par des témoignages colportés par la tradition orale fort usitée par les Amérindiens. Il raconte d’autres massacres, d’autres guerres, d’autres trahisons, la perfidie des Américains qui ne respectent aucun des traités et engagements qu’ils ont contractés avec les peuples qui les ont précédés sur leur terre.

Les événements qui l’ont le plus marqué, abîmé à jamais, marqué au fer pour toujours, ce sont ceux liés à l’éducation forcée dans les écoles destinées à les américaniser : interdiction de pratiquer leur langue et leur culture, intégration et américanisation forcées, installation sur des réserves d’une grande pauvreté. Il a, comme tous ses confrères, été battu, flagellé, fouetté, humilié, … Ils ont tous été privés de leur mode de vie en symbiose avec la nature, tant la faune que la flore, de leur droit et de leur justice, de leur organisation sociale collective, de leur code d’honneur, de leurs us et coutumes. Pour compléter la listes des malheurs qu’ils ont endurés, ils ont connu de nouvelles violences en 1973, quand des hommes de leur nation ont voulu prendre le pouvoir dans la réserve.

Leur mode de vie s’organisait autour de leurs trois valeurs fondamentales : honneur, dignité et fierté qu’ils respectaient au sein d’un système social collectif dans lequel le partage et le soutien mutuel étaient les principes de base. Il n’a jamais été traité comme un bon Américain, il est resté l’éternel sauvage malgré tous les efforts qu’il a déployés pour être un bon citoyen. Il s’est même engagé dans l’US Army pour participer à la guerre au Vietnam. Et, il a, pendant de longues années, lutté pour essayer de s’intégrer dans la société des Blancs, ne trouvant jamais de travail malgré toutes les connaissances et diplômes qu’il avait acquis.

Quand on lit ce témoignage, on comprend un peu mieux l’Amérique d’aujourd’hui avec tous les excès qu’elle génère et toute la violence qu’elle déverse sur les peuples le plus faibles. On se souvient encore de cette horrible formule : « Tuez l’indien, , sauvez l’homme ! » proférée par l’un des instigateurs de la méthode d’intégration des indiens dans la nation américaine.

• 

  Ils me traitaient de sauvage

  de Littlemoon, Walter Ridgway, Jane Rombauts, André (Traducteur)
  MEO
  ISBN : 9782807004764 ; 17,00 € ; 10/12/2024 ; 136 p. ; Broché

  Go Amazon