Amour et sensualité

J’ai déjà rencontré Françoise Houdart dans son roman : « Au revoir Lisa » qui évoque l’explosion d’une famille qui n’a jamais pu se reconstruire. Dans cette nouvelle publication, elle propose des poèmes dans lesquels elle évoque l’amour sous ses différentes formes, le plaisir, la beauté, la sensualité, la douceur, les émotions, … En exergue de ce recueil, elle place un court texte de Rainer-Maria Rilke où figure cette citation : « … Car le Beau n’est que le premier degré du terrible, à peine encore supportable, et si nous l’admirons tant, c’est qu’impassible il dédaigne de nous détruire. Oui tout ange est terrible ». Cette citation qui inspire bien les poèmes figurant dans ce recueil.

Dans sa préface Michel Joiret écrit : « Consciente du jeu de rôles que le temps lui propose, et du caprice indécent de son ange tutélaire, Françoise Houdart, rebat une nouvelle fois les cartes lexicales et opte résolument pour le poème… ». Des poèmes dans lesquels l’ange et l’oiseau symbolisent l’amour ou les amants selon les textes, ils sont porteurs du plaisir, de la sensualité, des sensations que l’amour procure, ... Comme l’a écrit Laurent Gaudé dans « Mille voix, milles vies », il se sent autre, celui qu’il invite sur sa feuille comme Françoise Houdart se sent écureuil dans ces vers : « L’automne à sa bouche / a le goût des noisettes // Je me sens écureuil ».

Dans ce recueil, l’amour est charnel, sensuel, plaisir, « Ecoute le chant frileux de l’ange / sous l’édredon de la nuit / Laisse / s’installer en toi le désir / de l’heureuse souffrance ». « Elle / ne referme pas les jambes / La nuit l’inonde de son chant / ainsi soit-elle ».

L’auteure chante aussi son pays et son attachement à celui-ci : « Ô mon pays / mon paysage d’infinie douceur / je te dis ce poème / Pour que tu saches et ne saches rien d’autre / que l’entêtement des racines / à amarrer mon âme / aux sillons de la terre / où j’ai semé mes mots ». Le pays où vole l’oiseau jusqu’à l’arbre où s’inscrivent les mots mémoire et le rythme des saisons. « ne suffit-il pas d’un seul oiseau / pour que la terre se souvienne de l’arbre / et qu’ainsi / ne cesse de s’accomplir / le miracle des saison ». Quelle belle preuve d’attachement à son sol natal et la nature qui l’entoure.

Le chant des mots qui dit l’amour et l’attachement au pays: « Mots / recueillis au souffle de l’amant / endormi / s’envolent au pourpre du jour / vers les livres / persistants ». Ecrire devient alors plaisir et même délectation : « Ecrire / pour la délectation du mot / comment écouter le tableau intérieur /dans la jubilation du dévoilé / juste avant que l’image // soit ».

Un ange, un oiseau, un souffle, un cri, des mots, la grâce, …, un arbre et des mots encore pour faire un texte, un poème, de la poésie arachnéenne, légère, éthérée pour dire l’amour, le plaisir, les sensations, l’attachement au pays natal, les ressentis diffusés par les éléments naturels… et le plaisir d’écrire de jolis vers avec de jolis mots débordant d’amour, de sensualité et de sentiments très divers…

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  La jubilation de l'ange

  de Houdart, Françoise
  Bleu d'encre
  ISBN : 9782930725796 ; 22/11/2024 ; 85 p. ; 12 x 20