Vieille France
de Roger Martin du Gard

critiqué par Saint Jean-Baptiste, le 9 juin 2025
(Ottignies - 89 ans)


La note:  étoiles
Caricatural mais bien tapé.
On savait que Roger Martin Du Gard n’était pas un rigolo mais qu’avait-il dans la tête quand il a imaginé ce petit roman ? Était-il dépressif ou de bonne humeur ? on peut se poser la question parce que sa vision de la « Vieille France » est désespérante mais aussi très drôle.

L’histoire se passe dans les années vingt, au village de Maupeyrou. C’est un village qui existe pour du vrai, c’est quelque part en Auvergne au fin fond de la France profonde où il ne se passe jamais rien.

Le facteur part de grand matin sur son vélo, il va à la gare chercher le courrier qu’il va distribuer pendant toute la journée chez les habitants du village. Il est bien reçu partout, il a toujours des petits potins à raconter et on l’aime bien. Mais ce facteur est un filou ! Il ouvre les lettres qui ne lui sont pas adressées, il est donc au courant de tous les secrets du village, et le tableau n’est pas brillant. Pour Roger Martin Du Gard ces visites sont l’occasion de nous donner à chaque fois une description des habitants du village. C’est toujours bien observé mais c’est souvent exagéré et parfois carrément caricatural. On ne peut pas croire que dans les petits villages de « La vieille France » les gens soient aussi cupides, radins, médisants, médiocres… L’auteur a souvent exagéré le trait mais c’est la loi du genre et, disons le, c’est toujours bien tapé.

Les habitants des villes croient volontiers que dans les petits villages tout le monde se connaît, on se salue, on s’entraide, on s’aime… Peut-être que Roger Martin Du Gard a voulu démontrer qu’il n’en est rien. A Maupeyrou il y a des clans, des rivalités, des jalousies, des médisances et ce serait à désespérer du genre humain si on devait prendre tout ça trop au séreux. Mais c’est toujours bien observé et, même si parfois c’est grinçant à souhait, ce petit roman, très bien écrit, a été pour moi un régal de lecture du début à la fin.