La Souris
de Ivan Philippov

critiqué par Reginalda, le 15 juin 2025
(lyon - 58 ans)


La note:  étoiles
Les zombies accouchent... d’une souris
La couverture de « La Souris » est barrée d’un bandeau qui annonce : « Les zombies qui ont mangé Poutine qui s’est vengé en interdisant ce livre ». Bêtement, j’ai imaginé une satire politique où le président russe et ses sbires joueraient un rôle important. Mal m’en a pris.
Si les premières pages expliquant l’origine du virus qui décimera Moscou ont une vague portée incisive, la destruction de la capitale (et notamment de ses élites) sera expédiée vite fait pour qu’ensuite nous assistions aux déambulations de différents personnages dans les rues pleines de dangers de la ville à l’agonie. S’ensuivent alors presque deux cents pages de scènes toutes plus ou moins similaires d’attaques, d’esquives et de morts grand-guignolesques qui ne sont ni terrifiantes, ni amusantes, mais juste ennuyeuses et répétitives. Il faut dire que le texte n’est sans doute pas servi par la traduction, pleine d’impropriétés, de maladresse et de répétitions, si bien qu’on peine souvent à se figurer les situations avec précision.
Et pour ce qui est de la portée politique et critique du livre, j’imagine que la zombification des Moscovites est censée symboliser les effets uniformisateurs et délétères de la propagande et de l’idéologie, mais Ionesco avait déjà recouru au procédé dans « Rhinocéros » il y a plus de soixante ans.
Un rendez-vous manqué donc, pour ma part. Dommage, car j’aurais bien aimé voir vraiment Poutine aux prises avec des zombies.