un sujet grave écrit de main de maître

L’auteure de ce livre nous conte tout d’abord son cheminement personnel qui l’a conduit à aller à l’ancienne prison de Montluc à la rencontre de l'histoire de ses détenus.
Les tout premiers chapitres nous permettent de comprendre pourquoi elle a eu comme objectif celui de mieux connaître cette prison située à Lyon.
Peu à peu, je me suis attaché à cette quête et très vite, le sujet, la puissance et la beauté de l’écriture ainsi que la gravité m’ont passionné.
Voici là un livre et une auteure qui m’auront marqué.
Durant l’occupation, cette sinistre prison a été celle où des résistants ont été torturés avant de connaître la mort.
Les enfants d’Ysieux y ont fait un très court séjour avant de partir vers les camps de la mort.
L’auteure raconte le geste de l’un deux qui se cachant dans une niche disait que les chiens ne sont pas déportés.
Les chiens, non ! les enfants, si !
Un grand résistant a réussi à s’évader, il fut semble t-il le seul à réussir cette évasion impossible.
André Devigny, c’est son nom.
Il deviendra militaire et attaché à la République- c’est ce qu’il affirmera - il servira la répression contre le FLN.
L’auteure raconte, énonce et ne porte pas de jugement définitif, qui est certain aujourd’hui que dans les mêmes circonstances il aurait l’âme d’un héros, sans tache, ni reproche !
Pourquoi des femmes, accusées d’avoir couché avec l’ennemi pour des raisons différentes, l’intérêt parfois mais aussi l’amour pour d’autres ont-elles été enfermées dans cette prison pour y être tondues et exposées dans les rues ?
A certains moments, l’écrivaine nous conduit sur le terrain du débat philosophique utile et même indispensable.
L’histoire est écrite par les vainqueurs, c’est indéniable et si à propos de la résistance, l’unanimité des avis exprimés est claire, aujourd’hui, pour l’histoire ultérieure il existe des zones d’ombres.
Qui sait que des militants opposés à la guerre d’Algérie et favorables à l’indépendance de ce pays ont été emprisonnés, torturés et guillotinés dans cette même prison ?
Durant toute une nuit blanche passée volontairement dans cette prison, l’auteure s’est posé de nombreuses questions, certaines laissées sans réponse si ce n’est une vision pessimiste de l’avenir. « L’idée d’héroïsme s’est imposée après coup sur des actes et sur des êtres, parce que ce n’est pas cela qui les fait agir ainsi. C’est leur nature. »
Quelle est notre propre nature ?

Jean-François Chalot

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  La nuit s'ajoute à la nuit [Texte imprimé] Ananda Devi

  de Devi, Ananda
  Stock / Ma nuit au musée
  ISBN : 9782234094864 ; 19,90 € ; 21/08/2024 ; 294 p. ; Broché

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