Plus fort que Sherlock Holmes
de Mark Twain

critiqué par Débézed, le 16 juin 2025
(Besançon - 78 ans)


La note:  étoiles
Elémentaire mon cher Twaian
En publiant deux opus dans lesquels Sherlock Holmes apparait comme une réelle référence, les Editions de l’Aube remettent sur le devant de la production littéraire un auteur et un héros qui étaient un peu oubliés des lecteurs contemporains. Pour publier celui qui nous préoccupe aujourd’hui, Julie Maillard a déniché un texte de Mark Twain dans lequel Sherlock est mis à rude épreuve par un petit génie doté d’un flair exceptionnel, un nez comme disent les parfumeurs.

L’histoire contée par Mark Twain commence par la fugue d’une jeune femme qui veut épouser son amoureux contre l’avis de son père mais ce mariage n’est qu’un des éléments du complot que le mari a ourdi pour se venger de ce père qui l’a maltraité. Il veut faire souffrir sa femme pour faire souffrir le père qui l’adule au plus haut point. Le père finit par mourir des souffrances que sa fille et lui endurent régulièrement. Le père décédé, le mari ayant assouvi sa vengeance, il quitte la maison et s’évapore dans la nature. Mais, quand la mère découvre les dons de son fils, elle lui confie la mission de retrouver son père et de le faire souffrir comme il a fait souffrir son père et elle-même.

Le fils se met en route et retrouve la trace du père qu’il pourchasse à travers le monde et persécute à distance selon un astucieux procédé élaboré par la mère. La poursuite prend fin quand le père est tué par un inconnu que Sherlock Holmes, de passage dans le coin, se vante de démasquer mais le fils, Archy, s’oppose aux théories du célèbre détective et propose sa propre version du meurtre. Pourtant personne ne sait encore que cet homme est réellement le père qu’Archy poursuit depuis des années. Ce n’est qu’après un énième rebondissement de l’intrigue qu’Archy comprend qu’il a poursuivi un autre membre de la famille de son géniteur que les mineurs veulent exécuter. Tout comme Holmes qui subit les foudres d’une bande malfrats qui veut rendre la justice à sa façon. L’arrivée du sheriff sauve le l’innocent et l’enquêteur.

Outre la scène centrale du récit dans laquelle Archy affronte Holmes, ce texte brille aussi pour le véritable plaidoyer contre la justice immanente, et particulièrement le lynchage, que Twain propose. Un texte qui pourrait figurer parmi les contes et histoires extraordinaires qu’il a publiés. En lisant ce texte, j’ai pensé à l’agitation populaire qui secoue actuellement l’Amérique, j’ai eu l’impression que Twain avait déjà pressenti ses mouvements de foule car il avait compris que certains comportements ne mènent qu’à la violence et que loi du plus fort à elle aussi ses limites.

Ce texte est aussi une façon pour Twain de se mesurer au maître du genre comme beaucoup d’autres l’ont fait. Elémentaire mon cher Doyle !