No Game No Life – Tome 1
de Yuu Kamiya

critiqué par Niko Samishi, le 18 juin 2025
( - 19 ans)


La note:  étoiles
Entrainant et divertissant, mais sans plus
J'ai d'abord découvert cette série de romans par son adaptation animée, ne couvrant que les trois premiers tomes. Pour que sorte une saison 2, on peut toujours attendre, donc quitte à devoir reprendre sur le roman au bout des 12 épisodes, autant tout lire en roman directement.

On suit Sora et Shiro, des frères et sœurs geek no-life, passant leur temps à jouer aux jeux vidéos, ce à quoi ils sont très forts. Laissant toujours le champ nom vide, on les appelle « blanc ». Ils se retrouvent transportés dans un monde de fantasy où tout se règle par « les jeux ». D'une petite dispute jusqu'aux grandes guerres, tout ça se joue aux échecs, à pierre-feuille-ciseau ou d'autres jeux. Les autres races (elfes, bestians, etc.) possèdent toutes des pouvoirs magiques pour tricher aux jeux, les humains sont donc en dernière position. Mais si les blancs gagnent le tournoi pour devenir rois de l'humanité, ils pourront renverser la balance.

Ma première impression était que cette saga est du pur divertissement, pas d'histoire profonde pour réfléchir sur le sens de la vie, juste s'évader et passer un bon moment. C'est en partie vrai, ça se lit étonnement comme un policier, dans le sens que les blancs sont tellement ridiculement intelligents et trop forts, que l'on ne se demande pas si ils vont réussir, on lit pour savoir comment ils vont réussir. L'aspect divertissement est réussi, tant qu'on lit sans se prendre la tête. Si on réfléchit vraiment on se rend compte que le pseudo-scientifique ne tient pas la route, mais c'est pas le but, ce livre se lit juste pour le fun.

J'ai été agréablement surpris de voir que l'auteur a placé des moments de réflexion, tentant d'avoir un vrai propos. Ça ne va pas hyper loin, mais j'ai particulièrement apprécié lorsque les blancs ont critiqué la vie réelle. On entend tout le temps des discours technophobes, poussant à « lâcher les écrans ». Je pense qu'il faut passer son temps sur ce qui compte, qui a du sens et qui apporte du bonheur. Les blancs sont du même avis. Là où ils s'illustrent, c'est dans les jeux vidéos, ils voient donc d'un mauvais œil ceux leur disant de lâcher les écrans. Ils ne sont pas no-life, leur vie est ailleurs. De leur point de vue, la réalité est un jeu sans but, un « jeu pourri ». J'apprécie de pour une fois voir le discours opposé.

(je précise que si j'adore la série des Mushoku Tensei, partant pourtant de la même base (reclus, geek, no-life) mais montrée de manière très négative, c'est car contrairement aux blancs, le protagoniste joue sans rien y faire de remarquable ou d'épanouissant)

J'ai cependant été déçu par l'abondance de sexualisation des personnages. Le protagoniste est le seul personnage masculin, tous les autres sont des femmes et pas des laides, ça se sent que l'auteur est un homme. Quand c'est de la sexualisation type « la scène se passe normalement, juste avec des tenues un peu plus légères », ça va, mais ici c'est plutôt « on ajoute/remplace des scènes pour insérer des moments de pure sexualisation juste car l'auteur est un pervers ». Ici cela empiète sur le scénario, et est présent au point que le puritanisme a interdit le roman en Australie, et j'ai entendu dire que les lois françaises empêchent une sortie en France, malgré la popularité de l'œuvre.
(les fans ont donc fait une traduction amateure officieuse, mais elle ne couvre pas tout)

(À cela s'ajoutent les lois sur les publications jeunesse leur interdisant de « démotiver la jeunesse », quand l'œuvre vante les mérites d'être un no-life, la vie réelle présentée comme sans-intérêt)

Je ne sais pas si je lirai tous les tomes, c'est du bon divertissement mais sans plus. L'univers est entrainant et on se laisse facilement emporter, mais c'est loin d'être une lecture enrichissante dont on retire quelque chose.