[notes fantômes]
de Sylvain Jamet

critiqué par Débézed, le 24 juin 2025
(Besançon - 78 ans)


La note:  étoiles
Un autre façon de dire
Ce recueil de textes courts que l’auteur qualifie de notes constituées d’un bref développement issu d’un simple mot se situe entre l’aphorisme comme ceux que publie la célèbre collection « Les P’tits cactus » et les micronouvelles publiées chez le même éditeur dans une autre collection : « Microcactus ». Des textes de quelques lignes à deux ou trois dizaines au maximum écrits dans une langue simple, claire, précise, dont la forme a été inspirée à l’auteur par le poète autrichien Ernest Herbeck. Je citerai pour exemple, cette note concernant Dieu : « Sa voix était un bourdonnement sans fin, la base continue au premier plan de quoi émergeaient langues apprises, appels téléphoniques et chants d’oiseaux ; / Quand Dieu se fit homme il prit le bus pour Nazareth. Il avait mis un visage pour ne pas être reconnu ».

Dans ces textes denses, intenses, l’auteur mêle des aspects purement factuels, avec des réflexions spirituelles, philosophiques ou plutôt sensuelles en s’appuyant sur les aspects, les sons produits, le sens, l’évocation des divers « sujets » qu’il traite. Dans une courte introduction en forme d’ « avertissement », i précise que « Les sujets abordés sont divers, d’importance variable, mais jamais étrangers aux préoccupations du vivant… ».

L’auteur évoque le jeu sur le temps qui peut être vécu différemment, autrement, : « Y a-t-il eu une guerre dans le futur ? Une déflagration dont on pourrait sentir le souffle à rebours à des années de distance ? ». Comme une vision de l’apocalypse… Dans d’autres espaces : « Il y a encore d’autres lieux pour les choses cachées, et d’autres encore pour les choses mortes ». Voir les choses autrement dans des temps différents, dans des espaces différents avec des sensations différentes provoquées par des actions différentes : j’ai pensé à la théorie des cordes qui considère le temps et la matière dans une autre dimension.

La mort n’échappe pas à Jamet, il la considère comme un temps de paix, comme un temps di vie différent. Le mort « C’était comme un vivant auquel aurait manqué quelque chose. / Mais rien ne manque aux morts. / Les morts, à leur manière, sont parfaits ».

La poésie s’immisce dans certains textes : « La voix du chien se détache du chien et se met à courir dans l’air », comme la drôlerie, l’ironie, la fantaisie et quelques autres qualités nécessaires à tous les bons aphoristes.

Comme Jamet nous pourrions penser que « les choses se font souvent d’elles-mêmes pour peu qu’on les regarde légèrement de côté ». J’ai essayé de lire ce recueil un peu de côté pour en saisir toute l’originalité et la finesse d’esprit.