L'automne en juillet
de Olivier Terwagne

critiqué par Débézed, le 25 juin 2025
(Besançon - 78 ans)


La note:  étoiles
Le monde tel l'homme l'a défait
Dans ce recueil de textes denses, intenses, en vers ou en prose, Oliver Terwagne, en les semant de mots rares et même très rares, décrit le monde d’aujourd’hui tel qu’il le voit et tel qu’il l’imagine dans un avenir pas si lointain, prêt à sombrer dans un cataclysme fatal et final. Ce monde tel qu’il devrait être, tel qu’il ne devrait pas être, ce monde tel que les hommes l’on fait … de plus en plus bancal. Le monde tel que l’auteur le décrit autrement dans cette formule pleine de poésie : « hier / certains tremblements d’âme / ont provoqué des soulèvements d’éther ».

Olivier fustige, tous ceux qu’il juge responsables des calamités actuelles, notamment le changement climatique et ses conséquences sur la vie quotidienne : « le matin hiberne parfois en juillet / et en oublie ses devoirs de vacances / impossible d’honorer l’invitation / je suis pris samedi soir / … ». Les politiques, leur comportement peu crédible, l’errement de leurs raisonnements, le doute quant à leur capacité à affronter les défis que le monde impose aujourd’hui, sont souvent en première ligne sous les foudres de sa plume mais ils ne sont pas seuls, il a aussi tous les autres qui se comportent comme il le pense et l’écrit : « on a toujours seize ans / on a toujours raison /de s’éloigner des cons / à l’orée ou à l’ouest ».

Dans ces textes d’une écriture d’une grande exigence, l’auteur use fréquemment du détournement d’expressions plus ou moins populaires, d’homonymies pour créer des concepts nouveaux, de nombreuses formules de style notamment des assonances pour créer ces détournements, Il enrichit ses textes de nombreuses allusions au cinéma, à des chansons à succès, à des œuvres littéraires ou encore d’autres références culturelles, de formules des années quatre-vingt qui servent à écrire l’histoire du siècle dernier telle qu’on l’apprend aujourd’hui. Il évoque aussi le temps qui défile trop vite, les saisons réelles ou métaphoriques (l’automne de la vie), les passages entre les espaces temps et les espaces actions. Le temps de la vie qui s’écoule et rapproche des derniers jours.

Olivier décrit une société régressive telle qu’il la souhaite et telle que la fille de l’orée du bois, un personnage récurrent de ce recueil, le prône elle aussi :« La fille de l’orée du bois / vit sans réseau / ivre de livres de poésies /du pain du vin de l’eau ». Le bonheur tel qu’il était il n’y pas si longtemps !